L’Indus renvoie au « Vivant » d’un Verbe orginaire ou d’une Vibration, qu’il nomme avec le phonème « V » de Vich-nou et de Shi-Va, les deux protagonistes issus de She-Sha l’éternel enchanté et enchanteur, et dont les dénominations désignent respectivement l’immanence et la structuration à l’origine de l’apparition et de la réapparition cycliques de notre univers.
La réalité de Brahma, dont la dénomination nomme le début de l’immensité de l’existant, est en ce sens issue de l’om-Bilic de Vishnou, et elle s’explique par la confrontation de la force centripète qui réunit (le « R » de l’eRos des grecs), et de celle, centrifuge, qui éclate (le « K » de leur Kaos) qui nomment ensemble l’aR-Ka de Shiva.
A son tour, la Kriti qui désigne, non pas une création mais la Nature de cette immensité telle qu’elle parut et issue de l’actualisation mise en œuvre par Shiva et Shakti, est nommée par un mot structuré avec les phonèmes inversés de l’Arka shivaïte ; elle désigne à la fois le résultat de la manière dont le Verbe originaire se serait auto-engendré (les chrétiens latins diraient incarné), en se structurant, et celui de l’équilibre né de la confrontation des puissances ayant permis de le structurer.
Au delà du « Sh » éternel et enchanté, la tradition orale des brahmanes renvoie ainsi à la fois aux phonèmes « V », « RK », et « B » :
Avec le « V », elle renvoie à une trilogie ou à une trinité – la Trimurti, et ses trois symboles, Vichnou, Shiva et Brahma – à laquelle la chrétienté méditerranéenne fera un sort ultérieurement. Elle nomme et légitime avec lui l’hypothèse mythologique d’un éternel retour du Vivant immuable, en permanence destiné à renaître en s’auto-engendrant.
Avec la syllabe « RK » dont les latins firent ultérieurement leur Kredo, elle distingue Shiva de Vichnou, et elle désigne les deux forces éternelles et complémentaires « aR-Ka » qui contribuent à la structuration de l’arbre de la nature d’une KRiti en permanence renouvelée.
Avec le phonème « B » de Brahma et du « Bindhu » - le point limite - elle initialise les noms donnés aux divinités incarnées, supposées donner une impulsion aux hommes du monde manifesté, pour leur permettre d’évoluer et de s’élever par l’immanence, la béatitude, et la quête de la sagesse.
Le phonème « B » qui nomme Brahma issu de l’ombilic de Vishnou, situe l’élan ou l’impulsion donnés par l’animation cosmogonique dans le monde manifesté de l’existant :
Balarama incarne dans la réalité du monde manifesté le She Sha du serpent de Vichnou. Bahaumasura, le démon, est né de la terre, et Bhima est l’incarnation de Diauh (le ciel).
La naissance dans la réalité manifestée est Bhava, la doctrine y est amour et partage du fidèle : Bhakti, et le point limite du Bouddha est Bindhu. AR-ujna le héros miraculeux du Bagavada Gita précède son fils et celui de SuB-hadra : « aB-himanyu », symbole de la fierté, appelé à disparaître sous les coups de l’ennemi en laissant femme et enfant à la merci de Krishna
Du monde d’en haut (She), au bond (B) en avant catastrophique
Dans leur manière de nommer l’état des choses de la réalité visible et invisible, les hiéro-logoï (les discours sacrés) de l’Indus antique distinguent et concilient trois points de vue en soulignant la bipolarité immuable des forces, qui préside – selon les termes de l’Indus – à la réalité, et la trinité de ses dimensions :
Le premier point de vue est Shivaïte : Shiva est le symbole bi polaire de la structuration de l’arbre de la nature ; il est nommé à ce titre Ar-Ka, parce qu’avec Sha-Kti il est à l’origine de l’actualisation (KT) de la nature (Kriti), en mettant en œuvre l’énergie nécessaire à son animation.
Le second est Vichnouiste : Vichnou repose étendu et lové sur le lit de l’éternité symbolisé par le serpent immuable She Sha, en compagnie de son épouse Lakshimi (Shri). Il est l’immanent, qui fait renaître la vie et l’existence à chaque fin de cycle pluri millénaire en les réanimant.
Le troisième est Brahmiste : Brahma est à la fois issu de la fleur de lotus ombilicale (Nou) de Vich-Nou, et héritier d’une immensité élaborée et structurée par le « R » et le « K » de Shiva (Arka). Il est le père de l’immensité parce qu’il est le début de l’univers et de la multiplicité.
Dans son approche Shivaïte, donc dans son approche de la manière dont la matière est structurée et déstructurée, le mythe nomme l’origine aR-Ka, et la nature KRi-Ti (avec la syllabe RK symboliquement inversée en KR).
Il pose le PaRi que la Parution de la nature résulte de la mise en œuvre de deux forces métaphysiques éternelles, originelles, et opposées (une attraction et une répulsion), et qu’elle résulte en conséquence d’une confrontation, donc d’une KRise et d’une Kerelle, et d’une re-création permanente dont elle est issue.
Dit avec les mots de la langue française, Shiva, traditionnellement représenté debout (à la différence de Vichnou étendu), est donc d’abord aR-Ka (Arche), et il est à ce titre envisagé comme créateur parce qu’il structure et actualise avec Shakti le choeur des corps.
L’aR-Ka, dont la dimension est inenvisageable, est l’origine de la structuration de la Kriti. Elle en est au cœur, et la culture judéo chrétienne l’assimile à ce titre à une création ; pour le croyant, le Port de la forme catastrophique résultant de la création en est le produit et s’impose comme tel en vertu de son ap-Parition, de sa Présence, et de la divinité symbolique du créateur.
Dans son approche Vichnouiste en revanche, donc dans son approche de l’âme, de l’immanence et de l’animation de l’Univers et de l’Homme, le mythe nomme autrement cette même réalité. Vich-Nou signifiant comment le Verbe et la Vibration de la Vie précèdent et accompagnent le Nou - la fleur de lotus, ou l’onde primordiale et éternelle, dont naît Brahma -, la réalité immatérielle est alors d’abord essence et animation permanente, et elle donne elle même naissance à la matérialité de la réalité en se manifestant à partir du Bindhu (le point limite).
Vichnou reposant sur Shesha est d’abord Narayana: si Shiva (Ana, Prana et Mana à la fois) structure une onde première de l’univers (Nada), Vishnou porte l’onde primordiale (Nou) endogène et perpétuelle, qui précède la phénoménologie du Bindhu. A la différence de Shiva, son éouse Lakshimi, enlacée avec lui par le Shesha éternel, est destinée à lire l’enseignement du Shesha et à le faire paraître avec ses mots éternels.
Dans son approche BRahmiste, enfin, le mythe fait de BRah-Ma un équilibre des forces en présence - la verticalité centrifuge et structurante de Shiva l’androgyne et l’horizontalité centripète de Vichnou qui ensemble donnent Raja, l’équilibre orbital et instable -, mais aussi le BoRd, issu de l’om-Bilic de Vishnou, et le Port ou le PRa, précédant la Kriti de Shiva consécutive au souffle du Pra-Na.
Le bord Brahmanique est en ce sens un éBranlement ou un Brassage : issu de She et de Vichnou, donc aussi indirectement du She Sha éternel, il donne l’élan lumineux, bien que ce soit Shiva qui structure le monde.
C’est Brahma qui Brasse d’abord, puis fait PaRaître l’immensité de la réalité existante, parce qu’il est le Bord om-Bilical de Vichnou et le PoRt de Shiva. Dit dans l’esprit de la Théorie des catastrophes et de celle des cosmologistes contemporains, BRahma, traditionnellement représenté comme une fleur om-Bilicale émergeant verticalement du nom-BRil de Vishnou étendu, est en ce sens figuré comme le BoRd de la catastrophe cosmique, issu de la mise en œuvre de Vichnou.
Il n’est pas créateur, mais il est éBRanlement de la situation – l’Indus dit aussi BaR-rattage -. Il est issu de Vichnou, mais il est à son tour l’origine de la Parution du PaR-aT-Pa-Ra (PR), le point d’un départ infini, et de l’Être cosmique : le Pu-Ru-Sha. Comme pour le scientifique, le Bord, à l’image de Brahma, précède et cause le Port de l’Être, le Purusha.
La tradition chinoise qui ne nomme pas le Brahma de l’Indus nomme en revanche avec le même phonème « B », le Bagua de la manifestation catastrophique, qui trouverait son origine première dans le mouvement cataclysmique du « Wou », cause et conséquence de la complémentarité des deux principes du Taiji (le Yin et le Yang).
A l’image de Hou Yi son héros mythologique, elle ne renvoie pas nommément à un Verbe originel, mais elle emploie néanmoins le « W » (Wou) de son mouvement, dont seraient issus les quatre Xiangs existentiels nés de sa manifestation (Bagua):
Selon le mythe chinois redit par le Tao de Lao Tseu, la catastrophe originelle est, comme pour l’Inde, issue d’un mouvement originaire (le Wou), engendrant un Tai-Ji issu de la confrontation de ses propres principes (les deux Yi), et elle est elle-même un Bagua originel ou le Bord de la manifestation des quatre Xiang (le Qian, le Kun, le Kan et le Li), et des extrémités plurielles à naître ensuite de la combinaison de ces quatre Xiang.
A l’image de Xua-xu, l’héroïne de sa légende, de Fu-xi son fils et de NWa sa femme, elle nomme avec le « X » (prononcé aussi bien X ou KS, que TS) le symbole de l’Existant dont l’origine serait à la fois le Wou du mouvement et NWA (donc l’onde en mouvement) son incarnation.
La sagesse chinoise qui néglige le « V » du vivant et du verbe de Vichnou renvoie ainsi au phonème « Wou » qui désigne le mouvement originaire auquel la langue anglo-saxonne a fait un sort en nommant symboliquement l’eau (Water) en permanent mouvement, et au phonème « X » (KS ou KSh) désignant au delà des Xiang, l’e-Xistant né de ce mouvement catastrophique, avec lequel les grecs nommèrent Oxylus mais aussi LaKhéSis, et les scythes ToXaris.
Aux yeux du sage l’univers est en ce sens en mutation (Zou prononcé Tzou) et la lecture du Wou renvoie à la divination des causes et devenir de l’existence.
Le W, le Wu, ou le Ou :
Avec Lao Tseu, la Tradition chinoise nomme « Wu-Ji » l’origine primordiale qui engendre le « Tai-Ji » et les deux principes « Yi » : le « Yin » et le « Yang » (l’exposé à la lumière du soleil, et celui portant en revanche l’ombre sur son dos).
A leur tour, ces deux Yi engendrent le « Ba-Gua » de la manifestation, donc le Ling (le zéro chinois) et ses quatre Xiang : le Yang engendre le Qian, et le Yin engendre le Kun (deux mots initialisés par le phonème « K » quoique prononcés différement), et le Yang et le Yin ensemble engendrent le Kan et le Li, rappelant ainsi que Lao Tseu rejoint de ce point de vue la légende chinoise de XuaXu, de FuXi et de son épouse NWa.
En nommant le « Wu-ji », le Zhou Yi (prononcé Tzou Yi) de Fu Xi (prononcé Fou) et de Wen, le roi des Zhou, désigne à la fois le mouvement permanent de l’univers, et la faculté de divination qui consiste à lire ce « Wuji ».
Avec ce Zhou Yi la Tradition chinoise décrit ainsi à sa manière une cosmogonie au sein de laquelle elle hiérarchise l’origine permanente, la manifestation, et la bipolarité qui anime notre monde. Devenu entretemps le « Yi Jing », parce que les chinois signifient avec le mot « Jing » qu’il ne s’agit pas seulement d’un livre mais aussi d’un tissu dont les fils de la gestation sont indissociables, le Zhou Yi décrit les transformations et leur principe « Yi ». Le Yi Jing est en ce sens le livre ou le tissu du changement : « Le Livre des Mutations ». Il offre à celui qui sait méditer, ses images de « la connaissance des décrets du ciel », qui autorisent la divination et constituent en conséquence le grand livre de la philosophie chinoise.
Selon la tradition chinoise, l’origine du monde est une négation de l’Être dont l’être résulte, et dans le même temps, cette négation est au cœur d’une transformation.
En d’autres termes, elle prend le pari que le cataclysme est un ébranlement et que le « W » précède le bord dont naîtra la catastrophe : elle propose d’envisager une transformation initiée par un « Wu » primordial qui précèderait le début du cataclysme et du Bagua de la manifestation catastrophique.
Elle tend à démontrer que le bord du cataclysme s’explique par un mouvement du non-être, ou par une énergie sombre indescriptible par l’Homme, mais néanmoins cruciale car elle explique aussi bien, la manifestation du Tai-Ji et du pli opéré par les deux versants qui font sa crête (d’où le reours au TZ du Tzou Yi), que l’expansion existentielle à naître de l’apparition des quatre Xiang.
La tradition conduit donc à imaginer que la catastrophe originelle pourrait être non seulement le résultat d’un ébranlement donnant un bord (Ba-Gua) nouveau à la forme, mais de surcroît, elle conduit à imaginer que cet ébranlement trouve lui même son origine dans un mouvement ou dans l’énergie sombre d’un mouvement que la langue de Lao Tseu nomme « Wu ».
Elle suggère par là que le « Wu » est bipolaire parce que son mouvement ou son évolution engendrerairnt et résulterairnt à la fois de la manifestation du Tai-Ji dont chacun comprend qu’il est une ligne de crête fonction de la dite bipolarité. Mais elle conduit aussi à penser que le Tai-Ji est bipolaire, parce qu’il est une crête ou un faîte séparant deux versants, et qu’il est lui même à l’origine d’un « Wu-Ji » consécutivement et potentiellement dual et bipolaire également.
En nommant ainsi le « Wu-Ji », le sage chinois désigne le Tout d’une Unicité née ante et ses lois, donc ce qui meut ce Tout. En nommant le Wu-Weï, il nomme un état de sagesse résultant de la connaissance intuitive de ce Tout et de la saisie de son Unicité.
Le « Wu-Ji » est pour lui un Tout chaotique en mouvement – avec ce même phonème Wou, Moïse évoquerait un « Tho Hou Wa Bo Hou » (Tohu Bohu) de même qu’il dit « Maboul » pour signifier la confusion née du déluge - à l’origine du tout de la réalité visible et perceptible par l’Homme.
Aux yeux du sage, le Wu Weï résulte de la prise de conscience que « Tous les êtres appartiennent au Tout, leurs actions ne sont pas libres. Il y avait quelque chose d’indéterminé – donc in-fini et né ante – avant le ciel et la terre, sans forme, bien qu’omniprésente : unique et immuable (comme l’est aussi le Vich-N-ou de l’Indus), imperceptible et inaltérable: la mère de tout ce qui est ».
Pour le sage chinois comme pour le gourou de l’Indus, l’essence de toutes choses, quand elle se met en mouvement, est à l’origine de sa manifestation, et de la matière manifestée : du Wu-Ji indéterminé primordial, est issu une crête – on nomme aussi ainsi le Tai-Ji : le Faîte -, séparant les deux versants d’un même pli ; en l’occurrence le pictogramme dessine justement l’image d’une montagne ou d’un « Y » inversé dessinant donc la ligne de crête symbolisant le Tai-Ji.
Comme l’Inde antique, qui imagine que le « SoMa » (prononcé S-Ou-Ma) est le nectar de nature à tranformer l’essence en matière, et comme l’anglais qui imagine que son « World » est la manifestation d’une origine qui s’apparente à ce « Wu-Ji », le sage chinois constate une dimension immuable et en mouvement chaotique : le Wu-Ji et sa manifestation le Tai-Ji.
Selon lui, et aux dires du Tao, l’excellence suprême est en ce sens comme l’eau et le flux qui la caractérise – les anglais comme les nord-européens qui sont sceptiques diraient « Water » ou « Wasser » - : « les plus grands ne peuvent atteindre son extrémité, les plus profonds mesurer sa profondeur. C’est le grand enveloppant des multiples existences».
Le Tao s’inscrit donc dans cette perspective : l’Homme est un microcosme et il appartient à un Tout ou à une unicité. L’excellence est en conséquence la conscience d’appartenir à cette unicité et d’obéir à ses lois. Pour le sage chinois, la sagesse - la Wisdom des anglo saxons - est le but ultime de l’Homme dans sa recherche du mystérieux, et le « Wu Weï » – le non-agir -, renvoie donc au mouvement du « Wu ji ».
Aux fins de rejoindre « F’ou » et retourner ainsi à l’origine de la Totalité et au non-agir, le sage s’efforce d’adopter une manière d’être ou une démarche verticales: le « Te ». Le Tao lui permet de se détacher des contraintes existentielles et d’intégrer le Wu-Ji. Dit par Confucius, ce Tao est un Dao qui lui donne une voie : une direction ascensionnelle qui élève le mandarin, non vers une divinité mais vers la sagesse. Sa manière, le Wu-weï, consiste, non pas à ne pas agir, mais à adapter son agir à la nature qui dicte sa manière. Il suggère au sage d’accompagner le mouvement du Tout animé par le Wu-Ji et d’y trouver une harmonie.
Le récit japonais, à la différence du récit cosmogonique de l’Indus ne renvoie pas nommément au « V » du Verbe et du Vivant qu’il ignore ; à la différence du sanscrit, la langue japonaise a fait en revanche un sort au « Z ».
Il n’emploie pas non plus le « R » de l’origine archéologique. Il lui substitue le « L » du Linga de la manifestation ; et son Onogoro (comme son Origami) se prononce donc OnogoLo avec un « L » roulé, proche mais distinct du « R » (la prononciation de l’Ono-Golo rappelant à cette opportunité le Lin-Ga de l’Indus inversé). Il privilégie ainsi symboliquement le « L » de l’éclat lumineux premier de la manifestation-apparition de l’univers, au détriment du « R » originel d’un Arka mystérieux et indéfinissable.
Héritier de l’Indus et de la Chine, il rappelle à la fois l’unicité de la triade symbolique du premier et la bi-polarité du mouvement du second, mais il s’en distingue néanmoins :
A l’image du récit de l’Indus, il renvoie à une trinité; mais il s’en distingue en employant le phonème « Z », à l’instar des perses et à la différence de l’Indus, pour nommer le déploiement et la métamorphose des Zoka Sanshi (les trois symboles d’une éternité qui précéda la manifestation), puis ses deux kamis, IZanagi le mari et le frère d’IZanami à l’origine du brassage de l’univers, et enfin Amatera-Zu (donc aussi AmateLa-Zu), symbole de l’élément matière et maternant né du mouvement de l’onde première.
A l’image du récit de la Chine, il renvoie à une bipolarité; mais il s’en distingue également. Au « Wou » originel de ce dernier qui renvoie au mouvement, il oppose la figuration de ses deux Kamis Musubi : Izanagi et Izanami, symboles de la puissance primordiale à l’origine de l’arbre de la nature, dont la bipolarité brassant (dépliant) l’univers latéralement avec une lance commune est à l’origine de l’Onogoro : le Gan éden ou le Garden japonais, symbole de l’apparition d’un univers résultant de l’interaction des deux descendants symboliques des Zoka Sanshi, et de la gestation de cette manifestation, à l’origine de l’existant.
Enfin, il se singularise, à l’image de la Chine, du récit hébraïque et de la langue germanique, en recourant à la syllabe « TS », qu’il distingue définitivement du « Z », pour nommer avec lui l’un des trois Kami héritiers du seul Izanagi, TSuki Yomi Ni Koto, dont la dénomination rappelle le « TS » du tsadé hébraïque de la transmutation (le Ts de Moïse initialisant le Tsel de l’Être devenu Eve), et dont la langue japonaise a fait le sème du Tsunami cataclysmique et du TsaTsae du déplacement. Avec la syllabe « TS », la langue japonaise nomme à ce titre une bi dimension de l’univers et légitime à sa manière la bipolarité d’une unicité articulée par le pli d’une Latéralité ou par l’image d’un pilier ou d’un arbre.
De l’Onogoro à l’Origami :
Le mythe japonais renvoie à la fois, à une triade née ante, à l’image du mythe de l’Indus, à une bi-polarité, à l’image du Tao, et à une gestation symbolique, à l’image des récits orientaux.
Dans la tradition japonaise, le Né Ante est apparenté à une triade de « So-Zo » ou « Zô-Ka Sanshin » :
« Ame No Minaka Mu Shi No Kami », animation de l’univers née du chaos, qui vint en premier - et dont la dénomination renvoie à la fois à l’onde primordiale « No », à la Matière et à l’enchantement à naître de son animation, « Mushi » -, est une divinité cachée, à l’image de l’Amon égyptien.
Les dénominations des deux Ka-Mi primordiaux qui l’accompagnent , « Ta Ka Mi Musu Bi » et « Ka Mi Musu Bi », et que l’exégèse associe aux deux dimensions d’une bi-polarité mystérieuse à l’origine de la manifestation de l’univers, rappellent qu’elles renvoient ensemble à la cause ou l’impulsion (Bi) d’un arbre de la nature nommé par le « K » de l’énergie primordiale dont serait issu l ‘élément matériel du « Mi Ka Do » (Kami)-.
La manifestation de l’Ono-Goro, le Gan éden des japonais et la patrie d’EBisu l’ancêtre du peuple japonais, est associée au barratage de l’océan causal – l’Egypte dirait « Noun » - mis en œuvre par Izanagi et Izanami.
Issus de l’Ama No Minaka Mu Shi, Izanagi et sa sœur et épouse Izanami, symbolisent la bi polarité du mouvement qu’ils impriment à « Ame No Nuhoko », la lance céleste héritée de ce né ante, avec laquelle ils entreprennent de barratter l’océan causal, et grâce à laquelle ils font paraître O-No-Go-Ro, la première terre manifestée, qu’ils atteignent en élaborant un pont flottant (Ame No Kuashi) de nature à relier, à l’image du Bi-Frost des scandinaves, le règne d’Ama No et celui de la matière manifestée. Comme leurs noms l’indiquent, ils sont ensemble symboliquement responsables du grand déploiement (Z) de la matière – l’occident les assimile à cette occasion à des démiurges -, en élaborant un pont avec une lance, puis en érigeant un pilier (Ame No-Mihashira), dont les dénomnations rappellent qu’ils constituent un lien avec « l’Ame No Minaka » éternel des Zoka Sanshin.
La réalité manifestée des japonais née de l’Ono-Goro est à ce titre un « monde flottant », et rappelle la distinction posée par la tradition entre les eaux (donc les ondes) d’en haut et celles d’en bas. Elle renvoie à l’origine de l’Ukiyo : un monde matériel illusoire à la manière de Maya l’Indienne, destiné à ne susbister que par le divertissement : soit en raison de l’apparition du feu, source de richesse mais aussi de contrainte, à l’image du Prométhée grec, soit en vertu du conflit existentiel et de la coexistence d’une dimension solaire et d’une dimension matérielle.
L’ono-go-Ro est en ce sens le lieu originel de l’Origami, l’art du dépliement d’une nature préalablement pliée au cœur d’un pilier (un arbre de la réalité) symbole de l’axe du monde :
Il est le lieu de l’accouplement primordial d’Izanagi et d’Izanami dont naît le feu « Kagutsuchi Kami », qui brula Izanami et la contraignit à rejoindre le monde matériel des enfers « Yo-Mi », à l’origine de la dissociation du monde des morts et de celui des vivants, à l’image d’Orphée et d’Euridyce.
Il est aussi le lieu de la naissance de la triade des Kami présidant à l’existence, nés du seul Izanami, et destinés à animer la gestation du monde manifesté dans un environnement conflictuel : Amaterazu, la souveraine céleste et solaire, Tsuki Yomi Ni Koto, dont la dénomination renvoie au « TS » du tsadé hébraïque de la transmutation et au Yomi du monde des morts, et Suzano Wo maître d’un univers envisagé comme un océan en mouvement.
La tradition japonaise a ainsi fait du « No » d’Ama No, à la fois le symbole d’une puissance éternelle et cachée, et celui d’une appartenance à un univers déterminé par cette puissance.
Le mythe japonais se prête à ce titre à une interprétation boudhique du Zen : à l’image de Izanagi, l’Orphée des japonais séparé de son épouse disparue au royaume des morts, il promeut la purification permanente consistant en un rejet de l’accumulation des richesses et des connaissances aux fins de ne faire qu’un avec le non agir.
L’art de la sagesse et la voie qu’elle suggère – le Do - est en ce sens, à l’image du Wu Weï des chinois (au Chan des chinois, le Japon a substitué le Zen, et au Dao, le Do) : un art de la méditation d’inspiration Boudhique, fondé sur un non agir permettant l’harmonie avec le vide supposé d’Ama No et la triade des « Zô-Ka Sanshin ». Il consiste à s’harmoniser avec l’Ama No éternel, non éloigné de l’Amma des Dogons, ou avec l’Amon égyptien pour ressentir l’Amen – « l’Ainsi soit il ou l’Ainsi est-il ! » – des orientaux.