Le lexique syllabique

La Parution de la Nature

T - Le T de l’éTat des choses

En nommant Thor, le fils de Wodan qui « gouverne l’air et les vents, et les fruits de la terre », le récit de l’Edda nord-européenne a employé la consonne « T » en la prononçant à sa manière, pour initialiser son patronyme et celui des deux boucs de son char, Tanngrisnir et Tanngnjostr.
L’Edda rappelait ainsi que Thor avait la faculté de Traverser, et de faire le Tour de la ligne d’horizon qui distingue le ciel et la terre, les réalités visible et invisible qui se situent de part et d’autre de ce « T » : la capacité de tendre comme Héraklès à la fois vers une Apo-Théose et un « Triomphe », au delà du « T » distinguant l’intelligible du perceptible.

Elle employait à cette opportunité le phonème « T » qui nomme l’état des choses, le Tan de son étendue et de sa Teneur, et la limiTe de la matière, en dessinant à cette fin une ligne d’horizon, distinguant le monde matériel manifesté de son origine supposée « R ». Avec cette consonne, elle nommait le Toit ou la Voute de la Totalité du monde (l’expression est de A. Fabre d’Olivet), dont Tyr, représentant de la justice du Thing (l’assemblée germanique), et Thor, doté de la force de son marteau, étaient les maîtres scandinaves.

Les syllabes structurées avec le phonème « T » renvoient en ce sens à l’état des choses : A State of affairs des uns, ou Die Sach-verhalT des autres.

Le phonème « T » nomme un éTat des choses issu d’un bouleversement nommé avec le phonème « B », dont l’apparition se nomme avec le phonème « P ». Il désigne en ce sens la Ta-Ble d’orientation – l’ésotérisme dirait, la Table d’Emeraude -, à partir de laquelle s’envisagent la direction dans l’espace et le devenir dans le Temps ordonnés par cette Table.

Il est associé en conséquence au phonème « D » qui les détermine – la Chine apparente en ce sens le Tao de Lao Tseu et le Dao de Confucius - au même titre que le Temps est associé à la Durée, et il suggère une Dualité ou une Bidimensionalité qu’il contribue à nommer avec la syllabe « TS » du Tsunami.
Selon l’a priori culturel qu’elles expriment, les langues recourent à l’un ou l’autre (T) ou (D) de ces phonèmes (l’un et l’autre étant des consonnes « DenTales » prononcées avec la langue et les dents). Le « Teach » des anglais rejoint le « Deknunaï » des grecs ou le « Decire » des latins, et tous trois renvoient à la base indo-européenne « Deik » qui structure le mot français « Dictionnaire ». De même, le « Ten » des anglais comme le « Deka » grec, donc le « Dix » des français, renvoient au « Dekm » de la base indo européenne dont tout s’étend. Et, quoique les linguistes hésitent sur leur origine, le « Th » d’AThena et du Theos mystérieux des grecs rejoindrait le « Domare » de la maitrise ou de la Domination du latin en vertu de leur origine commune - la base indo européenne « Dom » -, démontrant ainsi que le choix du « T » ou du « D » témoignerait d’un parti pris culturel au regard de la neutralité de la con-Tingence, donc du possible non nécessaire, ou à l’inverse au regard de la détermination imposée par le « D ».

En associant le phonème « T » de l’état des choses au « N » de l’onde première de l’univers (la Nada de l’Indus ou le Noun égyptien), la syllabe « TN » renvoie à la base indo-européenne « Tan » - l’Inde nomme à dessein à cet égard les Tan-Tra(s) - et avec elle, à l’éTendue, à l’in-Tensité et à la Tonicité du con-Tinuum de l’objet dans l’espace, comme à l’in-Tention et au Ton de la parole de l’individu Tendu vers le devenir dans le Temps.

En inversant la syllabe « NT » de la Nature avec laquelle les égyptiens nommaient les Neters - les principes de la nature, précédant par définition la Nature -, la syllabe « TN » en désigne la Teneur et le Tonus qui la distinguent du Sur-Naturel ; elle signifie ainsi la Tension du Tangible d’une nature sensuelle qui se touche et se tient, et qui se différencie d’une réalité imperceptible dont elle tiendrait possiblement son origine.
Akhena-Ton l’égyptien est en ce sens symbolique du renversement de la croyance égyptienne : en substituant l’aTon à l’aMon caché, le pharaon a bouleversé le polythéisme pluri millénaire, en faisant du Tangible une création continue résultant de l’œuvre d’un intangible originel, surnaturel et singulier, symboliquement associé au rayonnement du disque solaire.

La syllabe « TN » s’emploie à ce titre pour rappeler la distinction du naturel et du surnaturel, et plus particulièrement pour situer la manière dont les hommes, en l’envisageant, élaborent leur propre élévation :
Le héros grec Tantale est en ce sens la victime de sa propre prétention, et de son souhait d’élévation au dessus de la ligne d’horizon qui le sépare des dieux grecs, auxquels il sacrifie symboliquement son fils : il est condamné à la tentation par sa Tentation.
A l’inverse, en renvoyant également au « Tan » des Tantra(s), le Tannhauser de la légende germanique reprise par Richard Wagner, est le héros d’un combat, partagé entre son attirance charnelle par définition matérielle pour un être Tangible voire Touchable, et un amour idéalisé, par définition surnaturel, que seul le sacrifice personnel de Tannhauser ou celui de la femme déesse dont il est épris permet de dépasser: il est sauvé par la consécration de son in-Tention.

En nommant ShaKti, la capacité de Shiva de structurer l’univers en l’aKtualisant, et en nommant Hé-Kate, la déesse au triple visage qui précéda Zeus, l’Indus puis les grecs ont employé la syllabe « KT » associant le « K » de la cause énergétique primordiale de l’arbre de la nature au « T » de l’état des choses catastrophique qui en fut issu, pour signifier l’actualisation.

La syllabe « TK » à l’inverse, suggère en ce sens que cette actualisation suppose de maîtriser l’acte, et renvoie au savoir faire, à l’Ha-Bileté, ou au TaKt, qui président à l’actualisation, que les grecs ont nommé Tekhné en la distinguant de la Praxis qui fait Paraître (supposant ainsi qu’avec la Tekhné, le Tekh né préalablement précédait et Permettait la Pratique). Avec cette syllabe, les langues nomment, non pas un outil ni une production, mais l’expérience de l’in-strument acquise par l’Homme, tant du point de vue de son invention que de celui de sa manipulation.

Elle rappelle que le « Tekh » désignait en Egypte le peson de la balance sur laquelle Anubis évaluait l’âme du pharaon à sa mort, pour s’assurer de la sagesse du défunt supposé avoir acquis au cours de son existence grâce à son expérience, la conscience de sa nature spirituelle, et respecté ainsi le destin qui lui avait été assigné avant de traverser la Douat.

En associant les consonnes « T » et « R », la TRadition orientale a nommé la perspective ouverte par et depuis le toit du monde « T », quand l’Homme s’efforce d’envisager une supposée origine « R » de son univers (le Su-Tra de l’Indus), au delà de la réalité qu’il perçoit. Avec la syllabe « TR », elle préparait le « Tartare » d’Hésiode, mais elle nommait surtout avant les grecs, ce que ceux ci nommeront à leur tour en raison de l’initiative de copistes, la Meta Physique, et elle nommait à cet égard dans l’indus shivaïte : Turya, l’état d’éveil au delà de l’état de veille, de rêve et de sommeil.

De même que le mythe Babylonien nommait avant les grecs, ATrahasis, rescapé du déluge et témoin à ce titre d’un évènement hors de la portée (au delà) du Guilgamesh mésopotamien, le mythe grec nommait avec la même syllabe « TR », Tiresias le devin aux multiples vies, frappé de cécité pour avoir surpris des accouplements sexuels supposés hors de la vue des hommes et des dieux, et à l’inverse bénéficiant d’une audition accrue : elle nommait ainsi le devin aveuglé en mesure de voir ou de pré-voir au delà de la réalité – avec son entendement, et non avec son sens -, donc de dépasser les limites de la perception sensible des hommes.

Le « T » et le « L » des latins dessinent communément la verticalité d’un axis mundi, et ils nomment en ce sens ensemble la « LaTéralité » du monde manifesté, dont l’actualisation fait paraître la forme des côtés (KT) de la catastrophe. Ils ne nomment pas néanmoins la gémellité des deux versants de cette latéralité, à la différence des langues orientales, qui disent le Zhou des chinois (la mutation, prononcé, Tzou), le Tsunami des japonais ou le Tsadé hébraïque.

En associant au « S » essentiel le « T » de la teneur et de l’étendue, la syllabe « TS », renvoie au Tsadé hébraïque bi dimensionnel et dessiné comme tel ( צ ), et nomme et prononce ainsi le « TseL » de Moïse (צלע Genèse 2) avec lequel ce dernier nomma originellement le « Côté » d’Adam destiné à devenir Eve, qui rappelle à la fois la latéralité potentielle et cataclysmique qui précède le côté catastrophique de la forme actualisée, et l’androgynie de l’être initial né au sein du Gan Eden.

Inverse par métathèse de la syllabe « ST » qui situe la stabilité du Set égyptien comme la statio romaine, la syllabe « TS » signifie en ce sens la maturation qui précède la structuration, et renvoie à une transmutation, que se sont appropriés aussi bien Lao Tseu dont le Tao renvoie au Taijï - la colonne qui supporte le « T » distinguant les deux pôles et la bipolarité du Yin et du Yang, que l’Homme est supposé surmonter ou concilier pour être en harmonie avec le Wu Weï du non agir -. que le César des Russes : Le Tsar, qui ne se suffit pas d’être Kayser et de se référer au « K » de la cause primordiale, mais signifie avec la syllabe « TS » sa faculté de transmuter son empire.

En signifiant avec le « T » la limite et le Terme de l’état des choses, le langage oral a posé ainsi un phonème désignant, au delà du « TR » de l’au-delà de l’Atrahasis mésopotamien, du Tiresias grec ou de la roche TaRpéienne des romains, la frontière - ou le Trou noir des scientifiques contemporains -, distinguant le Tout d’une somme matérielle, d’une réalité surnaturelle : un Terme qui se distingue de l’aboutissement, indissociable d’une Maturation dite avec la même syllabe inversée (MRT vs TRM qu’elle précède) renvoyant à la Murti de l’Indus et à la Mort des français.

En l’associant avec le phonème « G », à l’image de la base indo-européenne « TaG », les langues ont contribué à nommer avec lui, et à la fois, le Tangible, et la Tangente qui l’unit à l’Inaccessible, donc la Con-Tingence qui désigne le possible non nécessaire, dont les hommes imaginent qu’elle puisse être de nature divine ou matérielle et aléatoire.

En l’associant au « P » du Paraître propre au processus opératoire, elles ont, à l’image de l’Egypte, distingué et associé symboliquement le « TeP » qui désignait la tête ou le Top de l’être humain, au « Set », le trône d’Isis-Iset et son assise, et au « PeT » qui désignait le ciel paru, situé sous la Nout de la voute celeste.

A l’image d’Homère qui, à son tour, nomma Troie, la cité de Tro, supposée in-Traversable par les aTRides d’Agamemnon et de Menelas ( héritiers du héros Atrée, Trahi puis maudit), donc symbole d’un « Nec plus Ul-Tra » protégé par le mur invisible de Poseidon et d’Apollon, la langue française nomme donc logiquement avec cette syllabe, l’Être et son Trépas, l’auTre, le Très ou le Trop de la Trahison et du Trauma, donc aussi le Tragique, qui signifient tous un « Au delà ».