Le lexique consonantique

L'Origine Enchantée

H - Le « H » enchanté

Le sème « H » de l’abécédaire latin prend la forme de deux colonnes verticales réunies par une barre horizontale (I-I). A l’exemple du hiéroglyphe égyptien, qui le représentait comme une corde tressée (), son dessin rappelle ainsi qu’il renvoie aux deux dimensions symboliques de l’arbre de la réalité, et qu’il noue (c’est le sens du « Hé » égyptien) la structure de la nature et la grâce qui l’anime :
Il renvoie à la structure de l’arbre de la nature de Heraklès qui se perçoit, et à l’élévation de Hélé emportée par Chrisomalios le bélier à la toison d’or, à une HiéR-aRchie et à sa Co-Hérence ;
Mais il renvoie aussi au charme de l’arbre, de la grâce qui se ressent, du cygne Hamsa, la monture de Brahma évoluant sur la surface de l’eau, et à une Harmonie.

A l’image du sème, la consonne « H » est donc duale :
Elle a la particularité de n’être pas une con-sonne parce qu’elle ne nécessite pas d’être vocalisée avec une voyelle : elle n’est pas prononcée avec la bouche mais elle résulte d’un souffle, et elle est dite à ce titre muette.
Elle se prononce néanmoins sous la forme du « Sh » quand les locuteurs souhaitent l’objectiver et lui donner une forme orale en inversant sa prononciation, faisant à cette occasion du même « H » un son chuintant.

Elle nomme un royaume héroïque imperceptible a priori par l’Homme, posé ainsi oralement de deux manières différentes :
- soit, en taisant le phonème « H » de la vie et de la volonté de Haewa (l’Eve des français), aspiré ou expiré à l’image d’un souffle mystérieux et guttural, pour suggérer un Hieros grec sacré et secret, donc tu, ou celui de Heimdall, le gardien du pont mythique Bi Frost menant les hommes de Midgard au royaume Asgard des ases des scandinaves, et dont l’appellation est en conséquence un son neutre qui ne s’articule pas avec la bouche, les lèvres, ni la langue.
- soit, au contraire, en le prononçant inversement comme une consonne, comme le font les langues sacrées (l’hébreu et le sanscrit), sous la forme orale d’un « Sh », à l’image du Sh de Shiva (Ś), du Ch de Vichnou (ṣ), voire du TCh de Tchandra tels que dits par l’Indus, à celle de l’An-Shar, du Ki-Shar et de l’IShtar de la Mésopotamie, à celle du Shou égyptien, ou à celle du Shin (שׁ) triplement couronné de l’alphabet hébraïque qui nomme l’Aïsh et le Shemesh (le soleil) des hébreux, pour situer un monde enchanté dans un espace infini et dans un temps éternel.

Le phonème « H » est en ce sens Hybride sinon ambigu, et il nomme à la fois le « He » et le « She » :

Il initialise le nom de Hermès, le symbole grec de la communication de messages non dicibles, donc non dits ni figurés, sans instrumentaliser les muscles Habituels de la bouche et de la langue :
Il est alors muet et suggère la réalité d’une essence singulière et silencieuse – à l’opposé d’une existence plurielle et bruyante – d’un monde d’en Haut indéfinissable. Les hommes l’assimilent en ce sens à l’échelle permettant d’accéder à ce monde d’en haut. Dit par les scientifiques, il renvoie à la constante « H » de Planck qui situe l’au delà de la limite entre notre monde matériel et sa cause, à l’origine de la chaleur du corps noir, de sa vibration donc de son Verbe, de sa longueur d’onde, et d’un Big Bang immédiatement suivi de la parution des atomes d’Hydrogène et d’Hélium :

Mais s’il tait le « H » de l’Herméneutique en prenant le parti du Trimégiste, il prend néanmoins une forme orale objective avec le « Sh ». Au « Hé » indicible (les hébreux le dessinent à dessein ה avec un trait discontinu), Moïse, impuissant à dire pleinement à son frère Aaron le Hachem (Dieu) de la Parole révélée par le buisson ardent, suggère en ce sens de lui substituer l’entendement du « Sh » de son « Sh’Ma » en en inversant les syllabes.
A l’image de Moïse, les langues qui recourent au phonème « Sh » suggèrent en ce sens d’objectiver le « H » en le figurant oralement sous la forme du « Sh » : du « H » prononcé « Ha-Ch », elles prononcent le suffixe « Ch », en invitant ainsi leurs locuteurs à nommer, donc à imaginer et à concevoir, un monde enchanté et par métathèse l’hypothèse d’un Che-min annoncé par le Hérault (le Hare Kri-Shna de l’Indus), ou à l’inverse, celle de la Ma-Chie (le combat des grecs) du Héros qui, comme Ulysse, atteindra la Shérie des Phéaciens d’Alki-Noos.

Le recours au « H » et/ou au « Sh » signale en ce sens le choix culturel exprimé par une langue :
La langue grecque antique qui néglige l’emploi du son « Sh » (le son « Χ » qui se prononçait Ki avant d’être prononcé Chi, comme le son « Φ » prononcé Fi, sont deux ajouts tardifs à l’alphabet initial), recourt au phonème « H » pour nommer Héra, Hélé, Helios, et Héraklès. Elle rappelle ainsi, qu’à l’instar d’Hésiode et d’Homère elle privilégie le « H » au détriment du « Sh » du monde enchanté et n’en prononce donc pas le son chuintant : sa théogonie débute avec un Kaos - la masse informelle d’Ovide -, et n’envisage pas un né ante enchanté ni enchanteur, et ses dieux, quoiqu’immortels, ne sont pas éternels ni nés avant le Kaos. A l’inverse, la langue latine des chrétiens et la langue italienne contemporaine nomment et situent la Paix et le Ciel dans une dimension distincte, éternelle et mystérieuse, en prononçant le « Ch » de PaCem et de Qui es in Caelis.
Les langues grecque et latine, en méconnaissant ou au contraire en reconnaissant et en s’appropriant la prononciation du son « Sh » du Shibboleth des Shebeth (les tribus ou les branches d’Israël), donnent ainsi ou non aux locuteurs la possibilité de concevoir en l’énonçant clairement (ce qui se conçoit bien s’énonce clairement !), un monde enchanté qui serait à l’origine de notre univers manifesté, parce qu’il se serait auto-engendré, à l’image du Shiva de l’Indus structurant le monde avec l’aide de Shakti.
Elles formulent alors, ou elles l’ignorent, le possible d’un Verbe qui se serait fait « Chair », formatant à cette occasion le mode de la pensée qu’elles permettent d’exprimer.

Le recours au son « Sh » témoigne donc à son tour d’un pari philosophique :

En recourant au « Sh » du monde enchanté la langue française, qui nomme aussi bien l’enchantement que la Chair née d’un Verbe enchanté, témoigne d’une filiation phonémique et philosophique avec la langue latine des chrétiens, et au delà, avec les deux langues sacrées que sont le Sanscrit et l’Hébreu. Elle suggère en ce sens un absolu pleinement « ache-vé », et elle renvoie ainsi et à la fois, au « Sh » du Shesha, le serpent de l’Indus symbole de l’éternité qui précède Shiva et qui est en ce sens antérieur à la structuration de l’univers mise en œuvre par ce dernier, et au « Sh » d’AiSh et d’AïShah au sein du Gan Eden des hébreux, qui précèdent la parution de Haewa.

A l’inverse, les langues grecque, germanique, ou anglaise, qui expriment des cultures ne concevant pas un monde enchanté, ne l’énoncent pas ; elles nomment donc l’enchantement différemment et à dessein avec d’autres phonèmes que le son « Sh » :
. La culture grecque d’Aristote qui néglige le « Sh » enchanté, et ignore en conséquence le « V » du « Verbe » qui se serait fait chair, ne nomme pas non plus ce dernier qu’on assimile au « Logos ».
La Glossa (la langue des grecs) de Gorgias, assimile en revanche l’enchantement, le charme, et la magie, suggérant que celle-ci, fut-elle irrationnelle, ne renvoie pas au monde du sacré ni à celui du Verbe, mais qu’elle est du domaine de la personne (l’eGo) et de sa poésie, voire de celui de l’imposteur (Goas) : la dénomination du Goeta (le magicien) de Gorgias renvoie à ce titre – les grecs diraient Goeteia : par magie – à la Magueia (l’origine étymologique du mot français Magie, qui signifie la sorcellerie), et elle rappelle que charmer (Thel-Gen) revient à manifester avec un agissement – ces trois mots étant structurés à dessein avec la consonne « G » (cf ci-après la consonne « G ») -.
. La culture germanique de Karl Marx, qui ne conçoit pas non plus de « Verbe » enchanté, ne l’énonce pas : en allemand (comme en anglais) le Verbe s’assimile au mot et se dit « Wort ». La langue de Mozart et de Schopenhauer, qui dit pourtant le Shön du Beau avec le phonème « Sh » recourt donc pour sa part au son « Z » pour nommer le (Die) Zauber de l’enchantement (Die « Zauberflötte » : la flute enchantée), prononcé TZauber ; elle signifie ainsi que l’enchantement du Sarastro (Zarastro) de l’opéra de Mozart, d’évidence phonétiquement non éloigné du Zoroastre perse, renvoie alors à la maîtrise d’une magie surréaliste, plus qu’au Shamanisme et au Verbe surnaturel et inconcevable qui se serait fait chair (cf ci-après la consonne « Z »).
. La langue anglaise de Thomas Hobbes et de George Berkeley qui nomme le Beginning avec le (To) Be de l’être et qui exprime une culture du scepticisme au regard du monde enchanté – Perception is reality ! – ne conçoit pas non plus de « Verbe » ; à l’image de la langue germanique, elle le nomme de même « Word » en l’assimilant au mot. L’enchantement énoncé par Shakespeare renvoie donc au verbe « Be-Wit-Ch » signifiant « enchanter » aussi bien « qu’ensorceller », rappelant ainsi avec la structure de ce mot, que le « Ch » (son suffixe) exprime le résultat d’une manière de rendre visible (le Wit du témoignage) une réalité, propre à la façon d’être (To Be) du charmeur ou de la sorcière : elle rappelle en l’occurrence avec les Witchs, les prophéties et l’agissement illusoire des sorcières et de Lady Macbeth, de nature (which Should) à influencer la perception de la réalité qui est propre au roi d’écosse.

Enfin, à l’image du Bewitch des anglais, la manière dont le phonème « Sh » est situé au sein du mot, renvoie à l’adéquation entre la structure des mots adoptée par une langue, sa philosophie et à son pari culturel:
Le mythe de l’Indus initialise les dénominations de ses symboles aux fins d’enseigner la manière dont l’enchantement et la vie seraient à l’origine de l’illusion matérielle de la Maya de l’existence: Vi-Chnou nomme une dimension enchantée issue du verbe ou de la vibration de la Vie à l’image de Shri sa parèdre, et Shi-Va en revanche nomme le symbole d’une structuration de l’univers rendue possible par son charme enchanteur et celui de Shakti.
A l’inverse, et comme le suffixe de son nom l’enseigne, Guilgame-Sh le héros mésopotamien qui repousse pourtant les avances d’ISh-Tar la divinité, est en quête du monde enchanté grâce auquel il obtiendrait l’immortalité, et son agissement est donc supposé lui permettre l’obtention de l’élixir recherché.