Le « P », comme le « B », est une consonne explosive, et la langue française, comme les latins, initialise avec cette consonne les prépositions « Par » et « Pour » de la Production :
Il énonce, annonce, et ex-Plicite en la Posant (le Poser des français renvoie au Poïein des grecs) la tri-Plicité du Processus oPératoire dont résultent la Parution du phénomène, sa Présence, et par voie de conséquence la probabilité d’une Préhension :
. La Potentialité qui le Précède, à l’image de Ptah le dieu égyptien symboliquement figuré emmailloté : à l’instar de l’Egypte, dont le Pa Sekhemty des deux couronnes réunies du Paraon (le Pshent des grecs) symbolisait la puissance du guerrier et celle de l’agriculteur, il rappelle que le PT-ah potentiel mène par l’inversion des phonèmes à In-Ho-TeP, à l’A-Pothéose de Serapis (l’Heraklès osirien des égyptiens), et à la satisfaction du sage ; et il souligne que la manifestation, si elle renvoie à une origine mystérieuse, est toujours la résultante d’une PoTentialité de la Puissance.
. Le Possible de la Puissance qui le permet, à l’image du taureau sacré égyptien nommé APis par les grecs, comme à celle de l’APsou mésopotamien et de Poséidon l’atlante. A l’image de Psyché, mais aussi à celle de Kali-Pso, la culture grecque emploie ainsi la syllabe « PS » de Poseidon pour désigner le « Pos » du possible (son Comment), qu’elle distingue donc à cette occasion du Probable figuré a posteriori par le Port tel qu’il est paru.
. Le Port qu’il donne à la forme Parue telle que la proposent les Protée et Procuste des grecs ; et par extension, au delà de la Paroi de ce port, la limite qu’il pose (la langue espagnole dit en ce sens Parar pour dire Arrêter, et la langue française emploie la même syllabe pour dire la Périphérie). La théorie grecque qui était originellement une procession, ou un cortège théatral, d’acteurs revêtus d’un masque, le Prosopon (la persona latine), avait en ce sens vocation à faire paraître à ceux qui les regardaient le fruit de leurs réflexions, et elle était en ce sens le pré-texte d’une apparition.
A l’image de la langue française, toutes les langues renvoient à ce phonème pour signifier l’opération phénoménologique et l’apparition qui en résulte :
En soulignant la multiplicité de l’emploi de cette consonne en sanscrit et en védique à l’opportunité de la dénomination des symboles de l’Indus, Georges Dumézil a rappelé à cet égard que les épithètes indiennes renvoient avec elle à la phénoménologie dont les divinités symboliques seraient l’origine : « Indra est PuRu-gurta et PuRutman (qui a beaucoup de force vitale productive) ; Agni est PuRucetana (visible à beaucoup parce qu’il parait) ; les Asvins sont PuRudansa (qui ont beaucoup de talents techniques), PuRumantu (qui ont beaucoup de conseils et de manières) ; Agni et les Asvins sont PuRupriya (aimés de beaucoup) etc. »
Emile Benveniste pour sa part a proposé de constater que le phonème « P », et plus particulièrement la syllabe « PR » des Prae et Pro latins, qui en est dérivée, (est) « un sème spécifi(ant) la portion antérieure de l’objet par rapport à ce qui est postérieur, (parce qu’) une fois énoncé le PRae, l’objet est figuré comme continu et le reste doit suivre, (puisqu’il) ne peut pas ne pas suivre, étant continu ».
Si le phonème « H » de Hermès désigne l’herméneutique silencieuse et non figurative, le phonème « P » de Pan - l’enfant symbolique supposé Paru d’un Hermès silencieux -, désigne pour sa part le point de départ du Panorama de la manifestation, de son Procès ou de son Protocole - l’é-Pokhé suspensif de Husserl -, de son ap-Pareil et de sa Présence. Il met en Per-SPective avec le dé-Part du processus opérationnel de la manifestation: le Pollen qui va au Pistil que l’abeille Butine, ou l’éPi que le Blé fait paraître après que le Bouton de la fleur eut muri.
A l’image de la langue française, il nomme la « Peau » qui fait paraître, et fait de la « Parole » la peau qui vêt le mot. A l’instar des hébreux, il rappelle à ce titre que le phonème phénoménal se prononce selon eux avec le Pé (ou le Phé), qui nomme donc la Bouche qui fait paraître en parlant et précède la Parole.
Dit avec les mots du mathématicien, l’emploi du phonème « P » renvoie au « Pi » des grecs, et à ce nombre infinitésimalement Petit au delà de la perception de l’Homme, qui caractérise le nécessaire « rapport » qui présida au Big Bang de la manifestation-aP-Parition : celui dont Daniel Tamette dit en ce sens : « quelque part dans Pi, au bout de milliards et de milliards de chiffres… à une distance inconcevable, si l’on s’y attarde plus longtemps que la distance qui nous sépare du Big Bang, la séquence 123456789 se répète 123456789 fois de suite ».
Le recours au phonème « P » du nombre d’or d’un Py-Thagore pour désigner la phénoménologie de la manifestation, suggère en ce sens que celle-ci et la cosmologie qui la met en perspective, trouveraient leur origine commune dans la lettre et le nombre à la fois ; et il constate que ce Pi et ce nombre d’or rappellent à leur tour, le « P’O » des chinois qui complète le Ming de la matière vivante (les latins diraient l’animus et l’anima), désignant à la fois le bloc de matière brute et la paix intérieure qui précèdent et président à l’opération de la manifestation et à l’apparition.
Le choix d’une langue de privilégier le recours au « P » de la parution a posteriori au détriment du « B » de son antériorité par définition a priori exprime en ce sens un parti pris culturel :
Traduire le mot araméen de Jésus, « aBBa », adressé à son père à Gethsemané, par le mot "Père", comme le fait la langue française des chrétiens, dénature par exemple à ce titre la profondeur de la dimension du mot originel.
Cette transdiction occulte et trahit l’importance du sème « B » et la répétition de ce phonème dont la prononciation du « AB » est inversée en « BA »:
La con-sonne "B" qui initialise le mot aB-ba, sonne avec le "A" qui la précède, et renvoie à l'ABsolu originel, au même titre que le nom d'Abraham ; la con-sonne "B" qui le finalise (ab-Ba) sonne à l'inverse avec le "A" terminal et renvoie au "Bas", ou au « dé-But » de l'élévation, au même titre que la dénomination de Babel ; ensemble, les deux prononciations inversées de la même consonne "B" (aB vs Ba dans aBBa), contribuent à signifier non seulement le Père qui préside à la manifestation, mais la somme des dimensions du "Bindhu" de l'Indus qui unit et distingue le physique et le métaphysique.
La traduction d’aBBa par Père appauvrit en conséquence le possible de l’interprétation du mot araméen de Jésus : elle occulte malheureusement la distinction qui différencie la perfection existentielle du Père par définition associé au Paraître (le Père Fait), de l’aB-solu d’AB-raham associé pour sa part à la Binah de la connaissance.
A l’inverse, recourir au phonème « P » du Père et du Parfait au détriment du « B » revient à expliciter la parution phénoménale de l’univers, au double sens du mot latin « Explicare » :
. le « P » explique alors le processus de la manifestation phénoménale et nomme en ce sens le Père originel et existentiel de cet univers,
. mais il nomme aussi et peut être surtout, l’accomplissement et l’achèvement de cette manifestation-apparition, donnant cette fois à envisager « l’explicare » des latins comme la manière de nommer le Dépliement existentiel Parfait d’un Pli originel (les allemands disent Die Falte pour nommer à la manière de Leibnitz le Pli et le Lien, qui Ex-Pliquent) dont l’univers tient sa forme et sa limite.