Le lexique consonantique

Un Langage Abrakadabrantesque

Un Langage consonantique apparemment Abrakadabrantesque

Comme le mot français l’indique, la Con-sonne ne sonne pas seule, mais « avec » : c’est le sens du Cum latin et du Con français du préfixe qui la nomme. Elle est un bruit qui ne se prononce qu’avec un autre bruit : sa vibration complexe signifie un symbole, mais elle impose généralement l’adjonction d’une voyelle - dont la vibration au contraire est pure -, pour être vocalisée et prononcée, sous peine d’être muette ou n’être qu’un bruit.

La consonne "R" par exemple est un bruit émis par la voix de l’être humain. La faire paraître en parlant, suppose de lui adjoindre une voyelle, ou une consonne elle même accompagnée d’une voyelle : en français, « R » est dite ainsi « èRe » parce que « vocalisée ».
L'entonner avec le "O", et prononcer « OR » revient à dire l'OR de l'origine qui précède; la prononcer à l’inverse avec un "A" qui lui succède, permet de dire au contraire le "RA" de la Radiation du Rayon, donc l’effet ou la con-séquence du résultat.
La faire paraître en adjoignant une autre consonne, donc aussi une voyelle, conduit à agglomérer des phonèmes, qui ensemble donnent une signification à une syllabe :
Le phonème "R" prononcé avec un "D" donnera ainsi alternativement les mots français,"oR-Dre"et"DRoit", désignant, soit l'origine de l’ORdonnancement du droit, soit en revanche le Droit qui précède l'ordre et lui donne une Direction.
De même, le même phonème nommera l’origine de l’aR-bre de la réalité en vocalisant le aR, mais également son rayonnement en vocalisant le Re de l’arb-Re et de son arborescence.
Voire, avec la langue française, dire « eRRe » revient à envisager la même consonne « R » du double point de vue de son origine et de sa fin, pour signifier l’ambiguité de l’errance.

A l’image de « R », et selon la façon dont on situe la vibration qui permet de la faire paraître en parlant, la même consonne, quoiqu'exprimant un même symbole, le prononce différemment, et le son de cette consonne se fait donc phonème.
Il en va donc ainsi aussi pour la consonne "K", symbole de la cause mystérieuse, de l'énergie potentielle, ou de la force vitale indéfinissable, à l'origine de l'arbre de la nature: la manière de la prononcer en la situant en fonction d'une voyelle ou d'une autre consonne, éclaire la manière d'en envisager la réalité visible ou invisible.
Selon la manière dont elle est vocalisée et prononcée, elle désigne la même cause mystérieuse, mais elle la situe différemment:
Quand elle est entonnée avec une consonne ou une voyelle, elle signifie l’origine de la cause. Entonnée comme dans l’aR-Ka des shivaïtes, ou comme dans l’In-Ka sud américain, elle contribue à situer l’origine de la cause ou de la puissance : le « R » ou « l’aR » de l’Indus, désignant à la fois l’unicité et sa force naturellement centripète, ou le « An » de l’In-Ka signifiant qu’elle est issue d’un né ante par définition antérieur (donc aussi Innée).
A l’inverse, quand le « K », est vocalisé avec la voyelle "À", à l'image du Ka des shivaites, du Ka des égyptiens, du Kaos grec, il désigne un effet, en l’occurrence, la cause de la structuration de l'univers, telle que la symbolisent tous les mythes. Il est à ce titre employé pour nommer une puissance mystérieuse, qui serait elle-même à l'origine de l’arbre de la nature - l'Indus dirait Kritti -, d'un principe - l'Egypte dirait Kheper, l’arabe dirait Kaoun - ou d'un Pouvoir - Le Kan ou le King des scandinaves -.

Les langues, et notamment les langues sémitiques, ont aussi retenu un autre « K », qui, quoi qu’imprononçable avec la bouche, comme le « H », s’émet sans l’adjonction de consonne ni de voyelle : entonné sans voyelle ni consonne, mais prononcé sous la forme d’un « K » et dont le latin a fait le « Q », il est émis avec la glotte et du fond de la gorge, sous une forme dite occlusive.
Il est employé pour souligner l’impossibilité de nommer l’origine mystérieuse du « K » : la mosquée Al Aqsa de Jérusalem ne nomme pas l’origine du « K » et se prononce à ce titre : « al ‘Qsa », de même que l’élixir ou le Kessara des arabes se prononcent « el‘Qsir » et « ‘Qsara ».
L’alphabet hébraïque dessine en ce sens le « Hé » (ה) et le « Kof » (ק), notre « Q » contemporain - et seulement ces deux consonnes -, avec deux traits séparés et non pas un trait continu, à la différence des autres lettres, pour signifier et souligner le son neutre qui préside à la prononciation spécifique de ces deux consonnes.

A l’image du « R » qui signifie l’unicité originelle et centripète, avec lequel les grecs ont nommé eRos, et du « K » qui signifie la pluralité à naître du centrifuge avec lequel les grecs ont nommé Kaos, chaque consonne est un sème renvoyant à un répertoire phonémique universel.
Parler revient à faire paraître (lui donner une Peau) chaque consonne et à poser ainsi (Poïein) les différents sèmes du répertoire oral humain, de manière à en faire une phrase (Pheuin) : chaque consonne est symbolique et le langage parlé consiste à agréger les consonnes telles qu’elles sont prononcées (les récits antiques furent prononcés oralement avec des consonnes, et ils furent écrits ensuite sans recours aux voyelles ni à la ponctuation).

Le Mage mieux que d’autres est sensé saisir les symboles ou les images consonantiques et les employer à la fois, pour les faire paraître en parlant, et pour faire paraître grâce à eux une réalité transformée :

La Magie, et plus particulièrement celle de l’animiste qui imite la nature, fait l’image d’une réalité, qu’elle fait paraître à ce titre grâce au langage consonantique.
A l’image des druides celtes et gaulois, elle recourt à Belenos, la divinité de la lumière irradiant la nature, et à Belisama, sa parèdre féminine, les deux divinités solaires de la jeunesse, de l’artisanat et des beaux arts du culte Breton, pour faire paraître l’image d’une réalité telle qu’elle la souhaite.
Elle emploie à ce titre la consonne « B » de l’aB, dont le latin fit le « Habere » du verbe habeo, et dont la langue française a fait la Base (notre verbe Avoir renvoie à ce titre à l’élaboration d’une base et non à la propriété ; il ne s’assimile pas à Tenir mais suggère le moyen d’Être ), rappelant à cette opportunité la faculté du mage « d’avoir oB-tenu » le pouvoir de transformer la réalité en lui donnant objectivement une nouvelle naissance.

A l’image des mages orientaux qui auraient nommé initialement Abraksadabra, elle fait paraître la réalité en formulant une phrase supposée faire paraître son image renouvelée : elle dit en ce sens, « aB, Ra, Ka, Da, BRa », pour signifier le dé-but (aB) d’une base, dont le rayonnement (Ra) donne naissance ou est à l’origine de la cause mystérieuse (Ka), pour diriger le brassage (Bra) de la réalité originelle et la transformer.