Le lexique syllabique

L'Origine Enchantée

V - Le V de la Vérité

En nommant les Veda(s), les DeVas(s), ou l’aVatar, l’Inde Védique et Dravidienne renvoie à un Seigneur : Ish-Va-Ra, synthèse unitaire d’une pluralité, dont la dénomination rappelle à la fois, le « Sh » d’un monde enchanté, le « Va » vivant de l’universalité de l’Être et du Soit, et le « Ra » de son rayonnement ou de son don.
Son enseignement suggère ainsi qu’il est aussi bien :
. d’une part, un Verbe créateur (VaK) ou un Verbe révélé, qu’elle nomme Veda, donc un Sa-Voir révélé aux Rishi(s) en vertu de leur écoute (Shruti) des rythmes de l’univers,
. que d’autre part, une pluralité de puissances divines qu’elle nomme De-Va(s) (Div/Ved : Briller, et Dyaus : là ou brille la chose),
dont les hommes ont conservé aussi bien l’hypothèse d’une théorie moniste de la divinité et de la création, que celle d’une théorie pluraliste et polythéiste des De-Va(s), symboles de puissances divines multiples.

Le phonème « V » qu’elle emploie exprime à ce titre un pari sur le Verbe, la Vie, et la Di-Vinité, objets de l’enseignement des Rishis supposés deviner et transmettre un « Vade Me Cum » oral aux brahmanes depuis la nuit des temps, et supposés répondre à la question des allemands : Warum ? (prononcé Varum). Il est associé en ce sens par vocation au « Sh » du monde enchanté : en nommant les VeDa(s), et avec les consonnes structurées avec ce phonème il exprime le parti pris culturel des langues qui les emploient.

A l’image de la différence de dessin des traits latins des « V » et « W », recourir ou non au « V » témoigne du dessein culturel de retenir, voire comme l’Indus, de privilégier le « V » du Verbe, de la Vie et de sa Volonté, comme le font les langues latine et germanique, ou en revanche de la volonté de le négliger à l’image du Taoïsme de Lao Tseu, à celle de l’Ourobouros des grecs, ou encore à celle du Noun et de la Nout des égyptiens, qui donnent au « Wou » du mouvement et au Tout de l’enveloppant, la primauté sur la vie et la volonté d’Eua (Haewa).

En nommant Wodan l’omniscient : « VaK », le mythe nord-européen associe le « V » au « K » pour signifier la faculté d’éveil et d’analyse de la divinité borgne, omnisciente, et omnipotente des scandinaves. Le vieux norois nord européen rejoint en ce sens la langue latine, qui s’inspira de cette racine indo-européenne pour nommer sa « Vox », donc son Verbe et sa Voix, mais aussi son Evêque, destiné à rassembler (ensemble et avec à la fois), et structura également avec elle les mots français qui en dérivent : Vocation et Victoire.

Langues latine et nord-européennes renvoient de ce point de vue à la faculté incarnée par Wodan, donc aussi sa vocation, de porter et transporter la vie (Vitam latine) quoiqu’il soit mortel, à l’image du Vecteur qui renvoie à la « KT » de l’action e qui désigne le conducteur orientant le transport par vocation, en le différenciant de son moyen, le véhicule de son voyage, et elles assimilent à ce titre la syllabe « VK » à un symbole de la victoire ou de son moyen, et par extrapolation, à celui de la Victime.

En nommant la trinité des Wodaz, le mythe nord européen, quand il est dit avec la langue germanique, nomme aux cotés de Wodan, ses deux frères, Vé et Vili, et il signifie avec eux les deux symboles respectifs de la Vie et de sa Volonté (Schopenhauer dit en ce sens Die Wille, prononcé Die Ville).

En nommant Vali, l’héritier de Wodan qui vengea Baldr assassiné, le mythe nord européen nomme aussi le héros survivant au combat final des Ragnarok au moment du crépuscule des dieux : il nomme ainsi à la fois la Valeur du guerrier (le latin dit Valor), et la Vigueur de la Vie de Ve et de Vile, les frères de Wodan, qui survivra avec lui en dépit de la fin du monde des ases et des vanes.

La culture germanique témoigne en ce sens de sa proximité avec la langue latine quant à l’emploi du son «V», associé au phonème « L » de la Lumière et de la manifestation, pour signifier la Volonté (Wille) de la Vie de survivre, au delà de la mort de Wodan, pourtant envisagé comme la divinité supérieure.
Elle s’inscrit dans la même perspective que la langue latine, qui substitua respectivement Vénus et Vulcain nommés avec le « V » de Eve, à Aphrodite et à Héphaistos nommés avec le « Ph », signifiant à cette opportunité le pari du primat du Verbe et de la Vie à l’origine du phénomène posé par les latins, et négligeant en conséquence le « Ph » phénoménologique des grecs.
A l’inverse, elle nomme avec le « V » une lettre qu’elle dessine avec un « W », et rappelle ainsi qu’en désignant la Volonté, elle renvoie néanmoins à la nature et au monde (Die Welt) et à leur Volonté et non à celle de l’Humain.

Avec le « V » qui désigne la Vibration du Verbe, donc aussi le Vent existentiel illusoire de la Vie dont la négation renvoie au Nir-Vana, l’Indus a énoncé à la fois l’évènement de la catastrophe originelle et l’avènement de son royaume ou sa manifestation ; elle a suggéré aussi bien l’illusion (Maya) du vent du premier que la pesanteur de l’influence (Mat) du second. Elle a suggéré à ce titre la vénération de la vie et du verbe d’un Varuna, symbole de l’idéal d’une Vérité dissimulée sous la robe illusoire de la Maya de sa manifestation.

Le mythe scandinave s’est inscrit dans une perspective comparable en nommant Vali et Vidar, vecteurs de la Vie et destinés à survivre à iVadoll, en compagnie de Baldr, de Modi et de Magni, après le crépuscule des dieux et la disparition définitive des Ases, des Vanes et des Géants. Avec Vali et Vidar, il a nommé la Vitalité de nature à faire revivre l’univers et lui redonner matière avec Modi et Magni, à l’opportunité d’une nouvel évenement et à l’occasion de l’avènement d’un nouveau royaume.

En associant le « V » du Verbe, de la Vie et de sa Volonté, avec le « R » de l’origine et de son rayonnement, la langue latine recourt à la syllabe « VR », et renvoie à ce titre à VaRu-Na, le souverain des ondes : la Vie « V » Rayonnant « R » sous la forme de l’onde « N ». A l’inverse, en nommant le rêve avec la syllabe « RV » qui nomme la Reva de l’Indus, la langue française nomme en conséquence l’opposé du Vrai.
Rome, à la différence d’Athènes, a nommé à ce titre le Vrai, la Vertu et la Révélation par l’élévation, suggérant que ses mots renvoient au Verbe et à l’origine singulière de l’uni-Vers, et qu’ils donnent en conséquence et à la fois, la Virtuosité et la direction morale (Vers) du comportement des personnes.