Selon la façon dont elle est prononcée, la consonne « R » renvoie à l’oRigine en amont, donc aussi à un HéRitage, et/ou à une Radiation ou un Rayonnement en aval, donc aussi à un Résultat :
Prononcée avec une voyelle qui la précède, elle dit une origine : l’aR des aRyens et de la hiérarchie, celui de l’aRistocratie des argonautes, l’auRa des héraults, mais aussi l’AouR de la lumière originelle de Moïse, l’oR de l’origine dans le temps d’OuRanos, ou encore l’uR (our) du chemin dans l’espace d’Abraham.
A l’inverse, quand la voyelle suit la consonne dans la vocalisation de sa prononciation, elle dit à la fois son rayonnement et son résultat : une Réalité, née de l’Ahu-Ra des perses (dit avec un mot caractérisé par la postposition « Ra » du vieux persan signifiant la cause), du rayonnement du Ra égyptien ou de son auRa, maternée par HeRa héritière de Rhéa, ou incarnée en un Rex/Roi des latins et des français qui se différencie ainsi du King des nord-européens.
Les mots du mythe des nord-européens nomment à ce titre avec elle, aussi bien, et selon la façon dont elle est vocalisée, « ioRd », la terre des origines, que « Rind », la terre des Ragnarok, à venir au moment du crépuscule des dieux et de l’apocalypse.
De même, les langues méridionales européennes issues du latin nomment avec elle l’origine comme le rayonnement dans l’espace et dans le temps : la langue espagnole conjugue en ce sens dans le temps son verbe « Être » (SeR) avec les mots « Era » au passé et « Sera » au futur ; et la langue des français, qui nomme à la fois l’origine et le rayonnement de l’Aurore dans l’espace, témoigne de l’ambiguïté de la valse hésitation entre l’origine et le rayon, avec le mot « Erre », employé par les marins pour désigner l’allure du bateau.
Le phonème « R » est supposé signifier une puissance centripète qui unit a priori ou réunit a posteriori, à la manière d’eRos ; il s’oppose à ce titre au « K », qui signifie en revanche une puissance centrifuge qui casse et multiplie, et qui renvoie au Kaos des grecs (cf consonne K ci après) :
Associé au « K » il contribue à esquisser l’origine a priori de l’arbre de la nature en le distinguant de l’arbre de la grâce, et il témoigne ainsi d’un pari culturel. Le mythe de l’Indus nomme par exemple Shiva, symbole de la structuration de l’univers : « aR-Ka », en associant le « R » et le « K » ; il nomme ainsi l’origine première, donc l’arc ou l’arche à l’origine de cet univers, dont serait issue la KRiti (la nature de l’Indus, résultant de la structuration de Shiva, logiquement nommée par le mythe indien en inversant la syllabe « RK » de son origine); Arki-mède le grec (et seul parmi eux) employa à son tour cet aRKa pour nommer le levier nécessaire à la structuration de l’univers : il dit en ce sens euR-éKa ; et le mythe français nomme Jeanne de Donrémy, Jeanne d’Arc, en rappelant ainsi que son héroïne tiendrait son charisme d’un ark originel.
Dit avec les mots de la théogonie d’Hésiode, le « R » renvoie à eRos et à éRis, les héritiers du Kaos primordial. A la différence de l’Indus, il signifie, non pas l’origine, mais la réunion qui ordonne et range a posteriori ce Kaos originel, fut-ce au prix de la discorde qu’impose la pomme d’Eris, symbole de la dialectique. Il s’inscrit alors dans une perspective téléologique (ou conséquentialiste) : l’Eros des grecs nomme en ce sens la puissance centripète qui préside à la cosmogonie et ordonne (Ko-Smos) la masse informelle et chaotique dont est issu notre univers ; et Hera, la fille de Rhea et l’épouse de Zeus, préside à son tour (en dépit des infidélités de Zeus !) aux destinées des dieux de l’Olympe.
L’arbre Kaotique de l’univers des grecs en ce sens, et malgré Arkimède, a pris sa forme avec KRonos - nommé avec la syllabe « KR » de la Kriti (KR) - après que les héritiers du Kaos, ERos, OuRanos et Gaïa commençèrent de l’organiser : il résulte du Kaos, et il s’envisage donc à l’inverse de l’aR-Ka shivaïte (RK), dont l’origine (R) précède la force centrifuge qui éclate (l’assimilation ou la confusion qui associe le Kronos héritier du Kaos et le Khronos du Temps, pourtant distincts, concourt en ce sens à conforter cette interprétation en suggérant que le Temps du second naquit avec l’espace du premier).
A l’image des langues sacrées indienne et hébraïque, la langue française héritière du latin a fait un sort à la consonne « R », et elle en a fait ainsi une référence. Elle a fait comme elles de la consonne « R » le symbole de l’unicité ou de la singularité originelles, donc aussi la Racine infinie a priori, dont seraient issues les extrémités d’une matière plurielle finie née a posteriori de cette unicité, telle que l’oRalité oRientale oRiginelle la signifia.
Elle a nommé à ce titre avec cette consonne l’aRche originelle, et l’aRbre qui en est né et qui témoigne ainsi du développement de son arborescence; et elle a posé avec elle les termes d’un pari philosophique et politique.
Elle a posé avec ses mots les fondations d’une approche de la sagesse qui lui est propre :
En nommant l’Art avec « l’Ar » du sanscrit signifiant le centre émetteur de toutes choses, donc l’origine de l’état des choses, elle l’a distingué de la Techné des grecs. L’art est en ce sens envisagé à la fois comme une recherche par l’Homme de la singularité originelle archéologique du vrai, du beau et du bien, et comme une façon par nature limitée par la forme finie, de la poser ou la figurer en la représentant.
En nommant la « Révélation » avec la « Reva » de l’Indus, du nom de l’épouse désirable du Kama érotique, elle a traduit (elle a dit autrement) l’A-PoKalyPse grecque des Apôtres qui désigne la façon de figurer (le Po du Poïein des grecs) l’Eclat (le KL de la Kleos) du Possible (le Pos du Comment) de la réalité (cf ci après la consonne « P » et les syllabes « PS » et « KL ») ; elle a signifié ainsi, au delà du rêve qu’elle a distingué du songe essentialiste des latins, la faculté de l’artiste d’envisager intuitivement la réalité de l’état des choses, qu’elle a différenciée de l’aptitude de l’artisan à la figurer.
Elle a substitué au « Legein » des grecs (conjugaison du verbe Lego) le mot « Réflechir » (qui renvoie au monde enchanté, inconcevable en grec comme en anglais, donc non énoncé), donnant ainsi à envisager la conscience comme l’instrument d’une connaissance duale, à la fois cérébrale et intellectuelle, en suggérant à cette opportunité d’envisager la manifestation perceptible comme le reflet d’une réalité intelligible mais imperceptible.
A l’image de la langue de la République Romaine, inspirée du proto-langage indo-européen et de la langue de l’Inde antique, elle a fait aussi de ce sème, l’initiale symbolique des mots désignant l’art politique de vivre ensemble : avec la racine sanscrite « Râ » signifiant le Don, elle a nommé le Règne.
A la suite de l’Indus qui nomma Rama, le prince charmant, et qui a employé un phonème du proto-langage indo-européen (Reg) pour nommer le Raj hindi, le Raja sanscrit (le Règne), et les Rajati (les Règles), elle a nommé le Rex/Roi pour signifier à la fois, la légitimité de l’origine du monarque des grecs (Mono ARkhé), supposé détenir l’arche perdue et sacrée ( le hieros arkhé de la hiérarchie), donc aussi son pouvoir divin et mystérieux, sa faculté de dire la loi à l’image du meilleur des Rajahs (Le Maha du Maharadjah signifiant sa Magnificence, donc sa grandeur), et pour nommer les Règles et le Régime nécessaire à la régie régalienne sans laquelle il ne serait pas d’oR-dRe ni de DRoit.
De même que la langue latine a fait de ce sème la racine répétée de la Re-Ri, origine étymologique de la dénomination de notre Raison contemporaine, Ratio de toutes choses, elle a suggéré avec ce phonème que la Réalité matérielle plurielle renvoyait à une universalité oRiginelle singulière, et que son analyse imposait aux hommes d’envisager la Relativité, le Rapport, ou la Répartition – les anglais diraient Rate – en fonction des extrémités prises par le singulier devenu pluriel.
Avec la consonne « R » elle a fait ainsi par avance le lit de la Ration égalitaire et du Rang hiérarchique, assimilant à cette occasion la Raison et le Calcul, quitte à associer ensuite par les mots la Règle régalienne du droit unique et la Règle pragmatique de la mesure de la matière plurielle, et à dissocier ainsi la mesure rationnelle et égalitaire de l’état des choses, de sa mesure raisonnable et équitable.