L’Egypte, influencée à la fois par l’Afrique au sud et par la Méditérranée au nord, a fait un sort à la consonne « N » désignant l’onde de la Nature : à l’image du souverain a-Nou du mythe mésopotamien, le mythe égyptien (hors la présence d’Isis-Iseth et d’Osiris, d’origine théologique, ultérieurement importés par les prêtres au sein du corpus mythologique), nommait Noun l’océan causal, sans expliciter le cataclysme qui présida à la présence de cette onde primordiale dont notre univers serait issu.
La catastrophe originelle était symboliquement envisagée comme résultant de la présence d’(a)-Toum, né de ce Noun causal (NWN) auto-engendré sur la colline primordiale de Ben-Ben où naquit donc l’univers, lui même à l’initiative d’un crachat ou d’une masturbation symbolique – s’auto-engendrant à son tour – à l’origine des divinités premières Shou et Tefnout.
En nommant le « Noun », les prêtres égyptiens ne retinrent pas le « V » du verbe éternel, mais ils consacrèrent en revanche le Né ante de l’Anou mésopotamien avec le « N » d’AN-Nubis, divinité contrôlant la pesée des âmes et leur éventuelle immortalité, et avec le « Nou » de Vichnou radicalisant le Noun de l’océan causal (donc la Nature).
A cette occasion, ils distinguaient l’immortalité de l’éternité, à la différence de la mythologie asiatique et forts de l’influence de Guilgamesh le mésopotamien : l’océan causal signifiait un commencement de l’univers, (a)Toum le bord de Mout la matière (nommée avec les phonèmes inversés de Toum), et l’âme des pharaons était supposée destinée à l’immortalité.
Avec le « B » de Brahma et du Bagua, qui désignait le bord existentiel de la catastrophe selon les asiatiques, les égyptiens nommèrent le « Ba » de Ben Ben et du Benou (le substituant à l’oiseau Simorgh – SM - des asiatiques, précurseur du Phenix – Ph - des grecs) qui désignait à la fois une âme universelle, et le souffle de vie avec lequel elle animait le monde, et l’âme de la personne - « aB », quand le cœur se disait « iB » -, lui permettant une survie au delà de la mort physique, quand elle était en harmonie avec le Ba cosmique.
A l’unicité bipolaire et éternelle de l’univers telle qu’elle était envisagée par les asiatiques, les prêtres égyptiens substituaient ainsi une mythologie dont la sotériologie (la logique du salut de l’âme) des méditerranéens retint progressivement, à la différence de l’unicité bipolaire asiatique, la notion de Dualité distinguant le royaume enchanté de la divinité immortelle, du monde de la réalité matérielle temporelle.
De Noun à la Douat :
La mythologie égyptienne se distingue de l’asiatique (Indienne, Chinoise ou Japonaise), d’un double point de vue :
- quoiqu’elle renvoie à une cosmogonie, à l’image du mythe asiatique, et qu’elle décrive symboliquement à ce titre la naissance de la Nature née de Noun et des Neters, elle ne suggère ni n’explicite pas cependant, à la différence du mythe asiatique, l’origine de Noun, l’océan causal, onde première de l’univers;
- sa cosmogonie renvoie à une théologie plus qu’à une théogonie, et à la différence du mythe asiatique elle fait à ce titre de la sotériologie (le salut de l’âme immortelle du défunt) une dimension incontournable de la lecture du récit.
Les traditions héliopolitainne et hermopolitaine renvoient l’une et l’autre à la cosmogonie d’un arbre de la Nature : qu’elles suggèrent une Ennéade ou une Ogdoade, chacune renvoie à l’apparition d’un Noun ou d’un océan causal premier. Le mythe égyptien retient à ce titre les naissances successives de Nout, la voute céleste représentée par sa dimenson féminine comme un arc englobant l’univers, et de Geb, la terre, représentée par sa dimenson maculine définie comme une étendue en gestation.
En nommant la trilogie, Amon, Mout et Khnoun, la mythologie égyptienne désignait un constat :
Amon (au nom caché, non éloigné de l’Amen de Moïse et de l’Ame No des japonais), désignait à la fois « l’Ainsi soit il » et « l’Ainsi est il ! » d’une Nature déterminée par des Neters (des principes) ;
Mout en désignait la matérialité, et sa dénomination rappelait qu’elle était issue comme la Nout de Noun;
Khnoun designait une cause énergétique effective, son mouvement et son effet, dont le devenir se nommait KhePer (à l’image du scarabée).
La cosmogonie égyptienne de la Nature est en ce sens affaire de « Ne-Ters » d’un double point de vue :
Ce sont les Neters, principes de la Nature, qui sont mis en œuvre à l’opportunité de l’apparition de Noun, et qui désignent les causes de son animation et de son mouvement.
Et ce sont les Medou-Neters qui permettent à l’Homme de les deviner et de s’harmoniser en conséquence avec eux : l’expression égyptienne (ultérieurement et malheureusement traduite par les grecs en « hiéroglyphes ») rappelle que les Medou sont à ce titre les Moyens ou les Media donnant à réfléchir et à envisager ces « Neters ».
Le mythe égyptien est de ce point de vue le récit du développement d’un arbre de la « Nature » animé par un « Ka » primordial et mystérieux, ou une cause énergétique première, et le Soleil (Ra) est à son tour en ce sens symboliquement associé au Kheper de notre univers, à l’origine de sa parution (KP) et accompagnant son devenir.
Au delà de la cosmogonie, les prêtres égyptiens ont cependant aggloméré aux récits mythologiques fondateurs, des légendes issues d’évènements historiques et localisés, élevées au rang de mythes : ils ont à ce titre contribué à faire de la cosmogonie de la Nature le pré-texte d’une Théologie destinée à lier les hommes (Relige) dans le sillage de la personne d’un Paraon naturellement lié au Kheper.
Les prêtres égyptiens ont adjoint à cet égard à la trinité cosmogonique initiale d’Amon, Mout et Khnoun, celle, Osirienne, destinée à légitimer le Nomos du pharaon et son auto-nomie: Osiris, Isis et Horus, issue d’une légende locale et vraisemblablement née d’un évenement de nature politique.
Ils ont complété l’arbre de la Nature des Neters par un arbre de la grâce :
Ils ont fait ainsi du Pharaon l’héritier d’une divinité (Osiris) qu’ils ont située au cœur de la Douat, un fleuve, symbole de renaissance permanente donc de resurection et d’imortalité, et ils l’ont associé à cette opportunité au Soleil « Ra ».
Ils ont fait d’Isis, l’épouse d’Osiris le symbole vivant d’une reproduction asexuée (Isis reconstitue l’Osiris végétatif mort et en morceaux ; elle obtient ainsi seule, à l’image de Kunti l’indienne, comme le fera plus tard la Marie des chrétiens après l’annonciation, la naissance d’Horus son héritier), et d’Osiris le roi du règne de l’immortalité. Ils ont situé ce dernier au cœur de la Douat, le fleuve de la vitalité végétative permanente traversé chaque nuit, mais aussi à chaque cycle, par un Ra destiné à une résurrection permanente, suggérant à cette opportunité la dualité de la nature universelle, sensible mais aussi hors de portée des hommes.
En nommant Iset-Isis, Osiris, Seth, puis plus tard, Serapis, ils ont à cette opportunité fait un sort au phonème « S » renvoyant à l’essentialisme et au Sur-Naturel (Sur-Neter), suggérant une dimension que les grecs nommeront « Métaphysique » se distinguant, voire précédant, la Nature issue de Noun et de ses Neters, étrangère aux mythes fondateurs.
La sagesse égyptienne se distingue en ce sens de la sagesse de l’Asie inspirée de l’unicité de l’univers. Elle renvoie à la dualité de la Nature et du Surnaturel :
La cosmogonie de la Nature conduit le sage égyptien à une harmonie avec les Neters de la nature, et lui suggère de développer à l’aide des Medou Neters (les hiéroglyphes) une conscience cérébrale de sa conscience intuitive, aux fins de s’assurer une auto-nomie : la sagesse est à ce titre associée au Nomos (le NMS désigne la coiffe symbolique des pharaons) qui permet une association avec la conscience de la nature (les grecs diront plus tard : le Noos).
La théologie le conduit en revanche à différencier l’arbre de la nature qui dépend du « K » d’un arbre de la grâce du « B » du Bennou et d’Annu-Bis. Selon le mythe Osirien, l’Homme, à l’image du Pharaon, est animé personnellement (ba) par une âme universelle (Ba), et la destinée de son âme (Ou-aB) est à ce titre l’objet d’un jugement moral opéré par Annu-Bis à l’occasion de la pesée du cœur (iB), qui délivre ainsi le permis d’une résurrection (renvoyant ainsi à une immortalité, et non à une éternité).
Au Verbe éternel originaire de l'Indus (V), au mouvement permanent des chinois (Wou), à l'onde primordiale de l'océan causal des égyptiens (N), tous trois associés au début-beginning de l'univers dans le temps, la Grèce d'Hésiode a substitué le « K » du Kaos dans l'espace, et elle a fait de Kronos l'héritier d'une masse informelle originelle (l’expression appartient à Ovide) dans le temps. Elle a en ce sens symboliquement amputé l'Ouranos originel (castré par le Temps de Kronos/Khronos), renié par sa descendance, et elle a négligé par là la catastrophe première et a fortiori le cataclysme qui l'aurait causée.
À l'inverse de la tradition dont il avait héritée, le Mythe grec a fait de sa théogonie la progressive gestation (Gonie) d’une réalité dont Zeus, seul enfant de Kronos à ne pas être dévoré par son père pour l’avoir leurré, fut le héros; et il a fait de celui ci l'animateur d'un univers olympien, immortel, mais non pas éternel (puisqu’enfant de Kronos et descendant de Gaïa et d’Ouranos).
En inversant la logique des hiéro-logoï du passé, le mythe grec suggérait que la catastrophe serait le fait à venir de l'animation du vivant - le "Z" de Zeus, et de la Zoon de Platon et d'Aristote, et au delà le phonème qui rappelle le « Zu » des perses et de la japonaise Amatera-Zu - et la finalité, et non l'origine, d’une téléologie de l’univers, rendue possible par le « PoS » de Poseidon et de Psyché. Il s’inscrivait ainsi en contradiction avec la tradition asiatique et le mythe de l’Indus, comme avec la tradition sémitique et le mythe hébraïque, auquel sa langue avait pourtant emprunté nombre de phonèmes.
La Grèce d’Or-Phée a fait ainsi un sort au « Ph » de la Phénoménologie de l’Om-Phallos et de la manifestation du Phallus, qu’elle a privilégiées au détriment de la culture de l’origine de l’univers et du Linga qui caractérisait les cosmogonies asiatiques : en empruntant le « Ph » du sanscrit et des hébreux, elle a définitivement fait du « Ph » du Phallus le sème désignant le lien conditionnant et déterminant la Phusis (sa Nature), suggérant à cette occasion la formulation d’un Logos dont la réflexion était de nature à permettre la manifestation de l’eidos (ou de son idéal).
« Donc en premier fut Kaos, puis Gaïa, le Tartare, et Eros, et de Kaos naquirent Erebe et Nyx, et de Nyx, Ether et Hemera ».
La théogonie, Hésiode.
Avec les mots d’Hésiode, le mythe grec a inversé la logique de la Tradition reçue du passé, du double point de vue du récit du Muthos et de la formulation de ses Hiero Logoï, tels qu’ils avaient été posés (Poïein) par les traditions asiatique, mésopotamienne, égyptienne, et sémitique, qui précédèrent l’élaboration de la culture d’Orphée.
Au Verbe originaire du Vichnou de l‘Indus, dont la singularité essentielle était supposée être à l'origine de la pluralité existentielle, et auquel les latins firent un sort ultérieurement, à l'Anu souverain de la Mésopotamie d’Ishtar et de Guilgamesh, qui posait la possibilité d'un Né Ante préalable à la manifestation, au Noun égyptien, océan causal et onde primordiale dont (a)Toum est né, et au Bereshith des hébreux qui bouleversa la culture méditerranéenne, la mythologie grecque substituait le Kaos premier-né (à la fois gouffre ouvert et masse informe), dont la diversité, au contraire, était destinée à s'organiser en vertu de l'universalité d'une loi cosmique, donc à prendre la forme d’une unité: elle substituait à une culture traditionnelle de l’a priori originaire, la téléologie (telos : distance dans l’espace, ou finalité dans le temps) d'une culture "auto-chtone", renvoyant par définition au Chtonien, et à Chtonos, la divinité souterraine.
En nommant un Kaos originaire - « la masse informelle » d’Ovide -, elle reprenait le phonème « K » de l’ar-Ka shivaïte et de son Kar-ma, pour désigner le Kommencement de sa Théogonie : elle employait à cette opportunité le « Ka » de l’en-Kidu du mythe mésopotamien de Gilgamesh et celui du Ka et du Kheper des égyptiens. Elle négligeait en revanche les consonnes chuintantes (Sh) ou sifflantes (S) avec lesquelle l’Indus avait nommé Shiva et Vichnou, Sumer : I-Shtar, l’Egypte : Shou, Moïse : le Shé’Ma, les hébreux (donc le Shin), et que la langue française emploie pour nommer la Schérie de l’Odyssée, bouleversant ainsi la lecture de la Tradition passée, qui associait ces consonnes à l’en-chantement d’une dimension originaire mystérieuse et essentielle.
En utilisant successivement les consonnes « K » et « R » (respectivement pour le Kaos et Eros) pour nommer l’Eros unificateur paru après le Kaos, elle tournait le dos au mythe essentialiste asiatique et à son unicité. Elle en inversait la logique archaïque (ar-ka), pour proposer au contraire une hiérarchie dominée par le désordre supposé du chaos (K), précédant l’eros (le R) qui réunit, et le Temps de Kronos/Khronos (le KR de Khronos vs le RK de Shiva) qui date le début de l’univers. Elle prenait ainsi le pari de négliger la bipolarité essentielle résultant de la complémentarité et de la confrontation des Deva, les deux puissances antagonistes du mythe indien (la force centripète du « R » de l’eros, et la force centrifuge du « K » du chaos), pour suggérer - à l’inverse - la primauté du Khaos primordial désordonné et informel, dont l’Eros qui réunit était destiné à assurer l’unification.
Au Gan Eden des hébreux, qui désignait le début d'une genèse dont les Elohim puis Ihave étaient les maîtres d'œuvre, la glossa grecque substituait également sa propre genèse en faisant de Gaïa - la deuxième-née de la Théogonie -, tout à la fois le symbole de la maternité de l'univers en vertu de son accouplement avec Ouranos, et celui de la gestation de cet univers dès lors que le Temps de son enfant Kronos/Khronos se mêla à l'espace du Kaos, et que Zeus, né de Kronos, à son tour, les anima l'un et l'autre du haut de son Olympe.
Au Brahma de l’Indus, au Bagua des chinois, et au Bereshith des hébreux, initialisés avec le « B », qui désignait jusqu’alors le début existentiel de l’univers, elle a emprunté la consonne explosive « B » qui initialisait aussi le Bohu du Tohou Bohou de Moïse, ou le Ba du Bennou égyptien et de la BenBen de la colline sur laquelle les égyptiens situaitent l’apparition de l’(a)Toum originel :
à l’image de l’oiseau annonciateur de Noah à l’orée du mont Ararat nommé par Moïse, elle a retenu avec Hésiode, Erébé (R&B), l’héritier du chaos, le frère et l’époux de Nyx, mère supposée d’Eris et dont naquirent la lumière du jour et celle de la nuit, reprenant le phonème symbolique (B) de la vie biologique (en négligeant au passage le « V » du Verbe de la vie et de la volonté de Vichnou et de Shiva, que reprendront plus tard les latins de Virgile), pour dire un Phile-Be imprégné de téléologie.
Enfin, à l’ANu (anou) des mésopotamiens qui signifiait un possible Né ante, et au Noun causal premier de l’Egypte qui nommait l’onde primordiale sans laquelle il ne serait pas de principes de la Nature – les Neters égyptiens – ni de voute céleste – leur Nout -, et dont était issu Atoum sans lequel il ne serait point de Mout, elle a substitué une Nyx, nocturne, née comme son frère EreBe du Kaos désordonné, donc issue de ce dernier et ne le précédant pas, mère à son tour de l’Ether des cieux et de Hemera, la Lumière du jour et le symbole d’une alternance permanente.
En prenant à cette opportunité le pari d’imposer un point de vue phénoménologique, en fonction duquel le processus de la gestation du Kaos l’emportait sur une origine mystérieuse et enchantée, dans sa façon de décrire la manifestation dont fut issu notre univers, la Théogonie d’Hésiode est à l’origine de la pensée critique dont nous avons héritée de la Grèce : elle a suscité à la fois le pari sur un Logos symbolique désignant la raison universelle nécessaire à la compréhension d’une théogonie mystérieuse et de sa manifestation, celui d’une Phusis et d’une Meta Physique distincte de la nature de la réalité perceptible par l’Homme, et celui enfin permettant une explication de l’épi-Phanie.
Le mythe grec est en ce sens le pré-texte de sa philosophie : il est l’origine du questionnement relatif à l’origine de l’Om-Phallos, du Phallus, de la Phusis (la nature, née du chaos), au lien qui la conditionne, donc aussi au Philos, et à celle de son orientation phénoménologique, donc à la dualité des éléments physiques et métaphysiques du chaos. Il conduit à une So-Phia fondée sur la faculté de réfléchir (Legein, dérivé du Logos) une dimension intelligible distincte de la dimension sensible qui environne l’existence de l’Homme.
Dit en hébreu, le récit de Moïse, inspiré d’un, ou révélé par, un buisson ardent symbolique, qu’il a fait entendre (Sh’Ma) à Aaron son frère et par lui au peuple d’Israël, est à l’image de son « Vaw » et de son « Tsadé » :
. avec le premier, qui nomme aussi bien le « V » du vivant que le « Wou » de son mouvement, il suggère une dualité verticale en accrochant le ciel enchanté à une terre matérielle ;
. avec le second, il suggère une bi dimension latérale en identifiant les deux Tsel(s) (les deux cotés d’Adam, dont Heawa) d’un même univers existentiel.
La langue hébraïque distingue et associe en ce sens les deux combats de l’Homme en quête de sagesse : celui qui lui impose d’élaborer une échelle l’élevant vers l’alliance avec la divinité, et celui qui lui impose d’élaborer un chemin de mutation dans un univers existentiel.
Comme le sanscrit, la langue hébraïque de Moïse nomme le « V » du Verbe : avec son sème « Vaw » (ו), ambigu et conversif, symbole d’une verticalité liant les réalités visible et invisible, elle nomme aussi bien la Vie et la Volonté d’Haewa, que le passé et le futur de l’actualisation de l’univers (Awr).
A la différence du sanscrit en revanche, mais comme le font les langues chinoise, japonaise et grecque qui ignorent le son « V », elle nomme aussi le « Z » ; et comme les chinois et les japonais, elle identifie le « Tsadé » de la mutation matérielle et du bouleversement cataclysmique, renvoyant à une manière d’identifier la bi dimension de l’être et sa latéralité.
Comme le sanscrit également, mais à la différence de la langue égyptienne qui le néglige ou de la langue grecque qui l’ignore, la langue hébraïque, prononce le « Sh » du monde enchanté, avec lequel elle nomme Aïsh et Aïshah, ou bien encore le Shemesh du soleil, qu’elle associe au son « V » : elle substitue en ce sens Aïsh (Sh) et Haewa (W/V du Vaw) qui nomment le principe volitif du premier et la volonté de paraître de la seconde, au Shi-Va androgyne et structurant de l’Indus, en employant des phonèmes similaires : dans la tradition hébraïque, le « Sh » de AïSh précède en ce sens le « Vaw » de Haewa, de même que dans la tradition de l’Indus, le « Sh » du Shesha précède le « V » de Shi-Va.
Comme le sanscrit enfin, elle fait de la syllabe « SPh » le son nommant une sphère non finie et frémissante, associant ainsi le « S » de l’essentiel et le « Ph » du lien physique et existentiel de la nature. Elle nomme en ce sens avec elle l’Aïn Soph : une présence ou une dimension inaccessible à l’Homme mais néanmoins primordiale, qui explicite l’origine supposée du lien qui caractérise la nature physique, mais aussi les Sephiroth de son arbre séphirotique qui nomment le contenant et le contenu des sphères de la réalité visible et invisible.
Le Sh’Ma de Moïse qui suppose d’être « entendu », se prête donc à l’interprétation :
La dénomination de la Torah, comme celle de Tera, le père d’Abraham, renvoient à la syllabe « TR » et suggèrent avec cette syllabe un entendement au delà de l’écoute première : son Tsel nommant la dimension adamique destinée à se manifester sous la forme d’Haewa, qui renvoie au « Tsadé », ne désigne pas le côté d’une catastrophe mais l’une des deux dimensions de l’Être ; son « Vaw » conversif conduit à saisir la simultanéité du passé et du présent de l’apparition de la lumière qui préside à sa cosmogonie.
Son Bereshith, initialisé par la syllabe « BR », à la manière de Brahma mais aussi à celle d’aBraham, signale un début, un bond ou un bord, mais le récit de sa genèse rappelle néanmoins que cette dernière procède de la mise en œuvre de la pluralité préalable des Elohim d’abord, qui ordonnèrent le Tohou-Bohou initial, puis de IH-Wouav-aH (YHWH, YaeHWa ou Yahvé, dont le nom ne se prononce pas) ensuite, à l’origine de AïSh, AiShah, et de Haewa, symboles de la Vie, de la Volonté et du Vivant. Il rappelle ainsi que ceux-ci accompagnaient nécessairement le Bereshith enchanté du début du brassage de l’univers (le mot Bere-Shith associant à ce titre la syllabe « BR » du bord et le « Shin » du Shith), et il suggére de saisir le mot Bereschith comme signifiant le début existentiel de la manifestation du Shin ( le feu des hébreux).
Sa genèse renvoie à un Gan Eden (ou à un Garden, dont la dénomination rappelle le nom de la mère d’Abraham : Edna), qui est à l’origine du vivant en vertu de l’agissement de YHWH, mais aussi le symbole de la motivation des hommes dans leur engagement à nouer avec lui une alliance « B’Riyth », renouvelée, dont Noah au moment d’entrer dans sa Te-Bah est un symbole. Elle suggère ainsi une dualité mystérieuse distinguant les Deva de la divinité de l’eDen de l’aDam trop humain (Ha Adm), et l’hypothèse de la nécessité d’une alliance (l’Al-Ligare latin) : une « B’Riyth » qui rappelle à la fois le Bereshith et le Bridge qu’il est supposé constituer avec l’inaccessible.
En (dé)livrant ses Se-Phers (les livres révélant la Vérité de la Parole divine) Moïse a suggéré ainsi avec sa langue qu’il était une dimension inaccessible à l’Homme et inconcevable, que l’exégèse nommera Aïn SoPh, et il a proposé d’envisager une catastrophe originelle résultant de la « présence » mystérieuse de cette SoPh supposée lier les différences, dont la Grèce retiendra le phonème « Ph » pour nommer la phénoménologie d’Aphrodite et d’HéPhaistos.
Le Sh’Ma hébraïque
Quand les Brahmanes firent du proto langage indo européen et du védique, le sanscrit, une langue sacrée supposée permettre de prononcer et vocaliser des Mantras, les Hé-Breux égyptiens ont pour leur part dit la Parole révélée à et par Moïse avec la langue Hé-Braique, l’autre langue sacrée.
Avec cette langue sacrée les hébreux ont livré un double enseignement révélé et réfléchi relatif au Sh’Ma de Mo-Shé, qui exprime une pensée du sacré secret.
Le premier enseignement, la To-Rah, est une « Révélation ». Elle est le récit d’une cosmo-gonie qui fut dite par Moïse, qui posait ainsi pour son peuple le possible d’un Sh’Ma ; le mot Torah renvoie en ce sens à la fois à un au delà avec la syllabe « TR », et à une orientation « OR » suggérée par cet au delà, et le mot Sh’Ma rappelle qu’il désigne aussi une Parole qui s’écoute Elle fut transcrite sous une forme consonantique, puis traduite, et elle se lit. Elle est cependant une Parole originelle supposée être dite en hébreu.
Le second enseignement est une « Réflexion » des exégètes hébreux. Avec la langue Hé-BRaïque d’aBRa-Ham, ces derniers ont à leur tour donné à écouter les Sephers de la Parole sacrée : ils ont offert aux auditeurs le soin d’interpréter le secret de la langue consonantique.
Ces deux enseignements se renvoient l’un l’autre. Ils renvoient ensemble aux Sephers, les chapitres de la Torah qui « Livrent » la Parole révélée à Moïse, et aux Sephiroths, les dimensions de l’univers de l’arbre séphirotique. Le Bereshith de la Torah est éclairé par le mot Binah de l’arbre séphirotique, autant qu’il l’est par le Beth de l’alphabet des hébreux, au même titre que l’eDen est illustré par la D’aath des séphiroths et par le Daleth de l’alphabet hébraïque, de sorte que l’enseignement des hébreux offre ainsi trois voies complémentaires pour tenter de circonscrire la plénitude de la signification de ses phonèmes.
La Torah, le premier enseignement de Moïse est un récit : elle est le Livre des hébreux et de leurs prophètes. Elle offre à ses lecteurs, mais surtout à ceux qui l’écoutent (Sh’Ma Israël), l’hypothèse d’une Cosmo-Gonie donc d’une oRi-Gi-Ne ou d’un ouR-a-Gan : l’origine d’un Gan Eden. Elle est à ce titre d’abord le récit d’une triple Ge-Nèse.
La Torah est d’abord (bereshith) le récit de la genèse de notre univers : la façon dont le Tohu-Bohu chaotique originel fut oR-Ganisé. Son récit, qui débute par le phonème « B » (la lettre hébraïque Beth ») et les mots « Be-Reshith - Ba-Ra - El Hoïm » (Bakadmin Bara pour la Bible Araméenne), et se termine par le « La-Med », dont la dernière syllabe renvoie au Med-ou égyptien, raconte la manière dont (les) eL-HoiM fut(rent) à l’origine du Gan-Eden, et donna(èrent) ainsi un ordre au « Bohu » du tohu bohu chaotique qui précéda l’origine de notre univers, en nous donnant à méditer les images d’une cosmo-gonie organisatrice. Elle narre avec la langue hébraïque la situation d’un aN né ante dont les El Hoïm firent puis gérèrent le G-AN.
A cette opportunité Moïse nomme une première fois dans la ToraH « El Hoïm » – à la fois « Lui » et « Les » (parce que l’expression « eL HoiM » renvoie à la pluralité, donc au polythéisme) -, que nous tra-duisons ou trans-disons en français avec le mot « Dieu ». Il désigne l’œuvre en action d’El Hoïm avec le mot « BaRa » que les latins après les grecs, ont traduit par le verbe « Créer », et dont nous avons retenu la notion de création.
Il constate avec la syllabe « BR » de Bereshith et de BaRa, que le début de notre univers fut d’abord le Bord, l’é-BRanlement, le BaR-rattage, le Brassage ou le dé-But de la mise en œuvre d’une ou de puissance(s) potentielle(s) - celles d’eL-Hoïm -, puis la Gonie consécutive d’une enceinte et d’une gestation: le GaN Bi HeDeN Mi Keden, au sein de laquelle la nature prit forme et s’est or-Ganisée dans sa diversité – l’Indus évoquerait la (les) Guna, l’Egypte, le Geb, le scandinave le GiN-nungagap - un Garden -, l’allemand une Gestalt, le français pourrait dire une Germination.
La Torah est également le récit de la genèse du royaume hominal et de sa différenciation au sein des royaumes minéral, végétal et animal. A cette opportunité Moïse nomme avec la semi-voyelle « W » du Vaw dans son Sepher Bereshith B, la divinité IH-Wou-aV-aH, avec une dénomination qui complète eL HoïM – nous disons Ihavé et traduisons par L’Eternel Dieu ou par le Seigneur Dieu -.
Elle raconte comment la divinité fit paraitre l’Être, l’Homme universel, Adam, et dont IH-Wouav-aH (YHWH, YaeHWa ou Yahvé), la seconde dénomination de la divinité – un Tetragramme dont le nom ne se prononce pas - trans-forma les deux dimensions (Tsel) initiales et complémentaires, Ai-Shah et Aish, en Ish et Hae-WaH, les parents de notre humanité.
Il enseigne ainsi comment Hae-Wah, issue du germe de la Vie que nomme le phonème « SH » de Aish et de Aishah, est elle même par la grâce de IH-Wouav-aH à l’origine d’une descendance de l’Homme universel. Il emploie en ce sens le même phonème « Sh » pour nommer Ai-Shah et Aï-Sh, dont l’écoute enseigne que les deux mots sont radicalisés par les mêmes phonèmes inversement prononcés que Shi-Va, la divinité androgyne des Brahmanes -, et il emploie le Tsadé du Tsel pour signifier la bi dimension de l’être universel dont est issue Haewa.
La Torah narre également la genèse du Peuple élu dont elle décrit l’exode, la descendance et les principes de ses règles de vie. Elle narre ainsi à ce titre le rôle d’A-Bra-Ham et de Sa-RaH.
De la découverte de l’aR-aR-aT d’une origine renouvelée par Noa’H, qui maîtrisa les ondes (du NouN égyptien) avec sa The-Bah (à l’image du Manu’h indien), et eut ainsi l’opportunité de re-con-naître la montagne de la renaissance, Moïse fait l’événement fondateur d’un peuple re-né, et de Noa’H, dont la descendance, par Sem, conduisit à A-Bram, l’enfant de Terah et d’eDna, et à Sara, le symbole d’une re-con-essence. Il fait de Noa’H, qu’orienta la colombe Io-NaH, le survivant porteur d’une culture de la Tradition, comme eNée (le Nöé de Virgile) le fut à Troie pour les héllènes, et le refondateur symbolique d’une civilisation des hommes.
Il fait de son descendant SeM, dont la dénomination consonantique qui renvoie à la syllabe « SM » de la somme et de la semblance, est phonétiquement comparable au SoMa de l’Indus et qui rappelle SuMer, le patriarche d’une dynastie, dont furent notamment issus Na-Hor puis TeRaH (dont le nom renvoie à la syllabe « TR » qui désigne l’au delà, mais nomme aussi la ToRaH de la TRadition) le père d’Ab-RaM, de Ha-Ran et Na-Hor, ses frères, qui, avec Sa-Rah, sont destinés à mener leur descendance, vers la terre promise.
Si le récit de la Torah est un premier enseignement de Moïse, ses Sephers livrent cependant un second enseignement : ils sont à la fois les « Livres » de la Torah qui dé-livrent une Parole révélée, mais aussi les pré-textes des Séphiroths de la Tradition hébraïque qui ont livré à leur tour une Réflexion des exégètes.
Les Sephers sont les « Livres » de la Torah (la langue anglaise dirait Book) - les Tomes, les Divisions, ou les Chapitres du récit – et ils livrent à ce titre le fil directeur du récit en en reliant – Re-Lige – ses différentes parties. Le mot français « Livre » qui traduit le mot hébraïque « Sepher », s’il renvoie au latin « Liber » et renvoie à la racine archaïque « LG » du Legein et du Legere, rappelle à cet égard que les Sephers sont d’abord le fil conducteur de la Parole et celui qui relie les composants du récit consonantique, sans lequel ce récit ne saurait être éclairant.
Les Sephers, cependant ne renvoient pas seulement aux livres de la Torah. Ils sont aussi le témoignage oral de la Parole divine mystérieuse et du Verbe vivant : une ToRah-Diction. Ils sont aussi des « Livres » entendus autrement et renvoient à ce titre à une Parole ou des phonèmes posés par Moïse, dont la Tradition affirme qu’ils furent un Legs d’aB-Ra-Ham et qu’ils dé-livrent la Parole : les Sephirots qui permettent l’exe-Gèse et la lecture de la Torah, et la rendent accessible.
Si les livres de la Torah - Sepher – livrent et lient les récits au cœur du Récit de la Torah, et témoignent d’un recueil (lement), d’un assemblage, et d’une reliure, les Sephiroths qu’ils abritent nomment la réalité: ils désignent aussi bien les dimensions de l'Homme et de l'univers que la relation qu'entretient l'être humain avec la réalité visible et invisible, et le nombre qui les ordonne.
En « Réfléchissant » les Sephers de la Torah de Moshé, les initiés hébreux ont ainsi nommé leur dimension infinie et inaccessible à l’Homme : « l’aïn-SoPh », et les SePhiroths, le medium de la compréhension du récit dont la tradition rapporte qu'ils sont en ce sens Contenant et Contenu (à l’image de la Sphère) à la fois : le vecteur oral d’une méditation qui ne doit rien au dessin mais tout à l’ouie, qui enseigne la manière dont la bouche – « Phe » en Hé-Breu – pose les phonèmes et les signifie par la Parole à celui qui écoute (Sha-Ma). La Kabale dit en ce sens : « Phe el Phe ».
Les Sephiroths ne sont donc pas seulement des signes phonétiques ; ils sont aussi les signes phonémiques d’une Parole révélée, de nature à « Nommer » les dimensions de la Sphère (SPH) indicible de l’état des choses de la réalité visible et invisible.
Ils sont le vecteur, ou le support oral, de nature à rendre possible au fidèle la découverte de l’enseignement révélé par Ado-Naï à Moïse : le support oral d’une méditation grâce à laquelle les hommes sont ou seraient en mesure d’accéder au Legein des grecs ou au Legen des guermains; ou bien encore le support oral originel et oriental grâce auquel le Gan est rendu accessible aux hommes par la vertu de la Gnose.
Ils sont à ce titre le témoignage d’un ar-bre de la vie, que les hommes ne peuvent figurer ni représenter, mais qu’ils doivent en-visager par la seule grâce de l’écoute. La Tradition hébraïque rapporte qu’ils dessinent un « arbre séphirotique » dont ils nomment les branches, les dimensions, donc les « Sphères » ; et ils sont en ce sens le medium d’une méditation orientée par une dimension inenvisageable : l’N- SoPh – aïn soph et/ou en-soph - qui nomme le né ante essentiel et le non fini ou l’infini.
Avec cet N SPh, la Tradition Hébraïque désigne le fil, mais aussi le feel, du tissu dont est issu l’arbre de la vie, à la fois arbre d’une nature manifestée et arbre de la vie d’un Être animé par la grâce : l’essence mystérieuse (S) du « Ph » ou du lien non fini qui donnera le secret du « Fil », donc le Lien, qui explique aussi bien le tissu de la Nature que celui de l’Être Humain ; mais aussi le « Phil » de la Philia (l’amour), dont la langue de Pythagore fera ultérieurement le mot Philo-Sophie en liant le Soph hébraïque qui radicalise le nom de Sophia (déesse de la sagesse) et le Philos qui renvoie à la Philia et à l’une des manières grecques de nommer le lien : l’amour.
La Torah est une Parole Révélée par un buisson ardent qui brûle mais ne se consume pas, et qui intima à Moïse l’ordre de « dire » la parole divine en lui révélant le Verbe, afin que le peuple d’Israël l’écoute.
Ses Sephers sont de l’ordre de l’ineffable et du non représentable et ils sont destinés à livrer une Vérité par définition impensable. Si Moïse l’initié saisit le « feu » permanent de la Parole du buisson, les Sephers sont immatériels et ne se consument pas, et Moïse est impuissant à poser la Parole divine avec une représentation accessible aux hommes.
Les Sephiroths qui s’écoutent, fruit de la Réflexion des érudits hébreux, éclairent la méditation dont la Torah est l’objet, et sont à ce titre le vecteur oral de la compréhension de la Parole de Moïse et de son Shéma oral.
La sagesse des hébreux est donc duelle :
Elle est d’abord un « Questionnement » - un Talmud orienté par la lumière du Lamed, vers le Daleth (la porte donc le choix) du D’aath (le seuil de la connaissance) – destiné à méditer la signification des Sephers de la Torah révélés à Moïse, et celle des Sephiroths issus de la réflexion des exégètes.
Elle s’inscrit dans la recherche d’une nouvelle alliance avec la divinité, et dans celle de l’intuition d’un Aïn Soph a priori insaissable mais néanmoins source de la conscience : une saisie de la création (Beria) du Bereshith Bara Elohim, par la Binah (l’intel-ligence permettant la connaissance), grâce à une alliance (B’riyth).