Le sème « N » est dessiné par les latins comme une onde en mouvement ou comme une vague, à l’image du hiéroglyphe avec lequel les égyptiens initialisaient la dénomination de Noun, l’océan causal ou la première Nappe originelle dont est né l’univers, et celle des Neters, les principes qui président à l’évolution de sa Nature.
Il suggère en ce sens et à la fois :
. la première perturbation (la manifestation d’une onde primordiale) intervenue dans un espace et un temps indéfinissables et inconnaissables parce que non finis, et dont serait issu en revanche un univers fini,
. et l’oscillation existentielle qui en serait née et en animerait sa nature depuis, par définition née de cette perturbation et limitée par sa matérialité; les scientifiques contemporains nommeraient un « fonds diffus cosmique ».
Dit avec les mots de l’Indus, il renvoie à Vish-Nou et à Shi-Va, et il rappelle que l’immensité de l’univers de Brahma est figurée comme issue à la fois, de la manifestation d’une onde primordiale et éternelle (Nou) portée par le premier, et de son apparition existentielle (Nada) due à l’actualisation du second ; Brahma est à ce titre traditionnellement représenté assis sur sa monture, le cygne Hamsa, flottant sur la surface des ondes d’un océan universel.
A l’image du « Nou » de Vich-Nou, qui désigne le lotus primordial, symbole de l’émergence de l’immensité d’un Brahma lié au né ante de Vichnou par l’ombilic, le sème « N » est associé en ce sens à la permanence d’une onde primordiale héritée de Shesha le serpent éternel d’un monde enchanté.
A l’image de « Nada » – l’étincelle ou l’onde cosmique première née ou issue de cette Nou primordiale en puissance – il est aussi associé à Shiva, nommé successivement aNa, PraNa et MaNa, qui permit par son souffle (le Prana) l’actualisation (le Linga de l’Indus, le Phallus des grecs, et le Fiat Volunta Tua des latins de la manifestation) d’un univers né ante (Ana) et caractérisé depuis (donc transformé) par sa matière manifestée (MaNa).
Les dénominations du mythe égyptien s’inscrivent dans une perspective comparable :
A l’image du récit mésopotamien, qui nommait Nammah la déesse mère et l’océan primordial, et qui faisait de Nimah la déesse donnant le souffle aux humains, l’Egypte comme l’Indus a employé le « N » pour nommer les débuts de sa cosmogonie.
Quoi qu’elle n’ait pas nommé un monde enchanté (à la différence de l’Inde), elle a ainsi nommé néanmoins le Noun, que son papyrus traditionnel représente comme un être issu d’une onde primordiale et entouré d’ondes existentielles, proposant ainsi de nommer avec le même phonème « N » la naissance de l’onde première de l’univers et les principes qui présidaient à son évolution.
Elle a figuré en ce sens l’apparition du Noun de l’univers dont naîtra ensuite Atoum (les scientifiques nommeraient l’eNergie sans laquelle il n’est pas de Puissance). Et elle a initialisé avec le « N » la dénomination des Neters, les principes de la Nature de cet univers, comme la dénomination de Nout, la voute céleste née du Noun, qui en résulte et enveloppe le monde.
Le phonème « N » est à ces divers titres associé à la fois à la Naissance, aux Nautes et à la Noogenèse :
De l’Egypte, qui témoignait avec ce sème de l’héritage qu’elle avait reçu de la tradition mésopotamienne et d’aNu (anou) son dieu souverain, selon laquelle la première des douze lunes qui rythmaient le cycle annuel de la Nature était nommée « aN » (le premier signe de son zodiaque, donc aussi son animation, était alors nommé à ce titre en son temps « Ana »), les langues méditerranéennes contemporaines ont ainsi retenu le « N » du Né Ante pour signifier la naissance ou la renaissance périodique d’un Neos grec, d’un Noël aN-nuel, voire d’un JaNus aux deux fronts (avec lequel nous nommons donc logiquement Janvier, le début de l’année) ou d’un Phenix, liant le passé et l’à venir. A l’image de l’Egypte - l’AnKh de la croix ansée en témoigne – elles rappellent ainsi que la Nature renait en permanence comme le fleuve Nil à l’occasion de chaque nouvelle An-Née.
Le « N » contribue à ce titre à nommer la naissance dans l’espace et dans le temps d’un Ouragan (Ouranos et Gaïa) et d’un Khro-Nos grecs, et l’alter-nance de la lumière et de l’obscurité qu’impose la Nyx d’Hésiode (généralement traduite par Nuit en français) ; il les situe ainsi à cette opportunité aussi bien au sein de la permanence et de l’immanence de l’onde (d’un A-Nou mésopotamien, né ante et précédant les divinités eN-Ki, eN-Lil et iNana), qu’au cœur de l’apparition d’un Noun causal égyptien (qu’accompagnent les Neters de la Nature).
Il contribue également à mettre ainsi en perspective une renaissance permanente de la vie de la nature et des hommes : la langue française contemporaine l’emploie en ce sens à l’image du latin, pour dire aussi bien l’An de l’antériorité donc aussi celui de l’animation, que l’In de l’Ingénu, donc aussi celui d’une intuition distincte de, et précédant la rationalité, mais aussi à l’image de la langue française, pour dire logiquement l’en-vie et l’en-droit.
De l’Indus qui employait le « N » en recourant à la base indo-européenne « Ne », et qui désignait avec lui l’onde de la Gu-Na qui tisse l’univers et en permet sa gestation, les langues contemporaines et notamment la langue française, ont retenu aussi la symbolique du moyen du tissage (la base indo européenne Ned) qui Noue et coud, à l’image du Nerf ou de la Natte, mais aussi celui de la distribution donc du Nombre dérivé du Numein grec, du commencement ou de la naissance du jour avec la Nuit, donc aussi celui de l’Alter-Nance, et par extrapolation celui de la Négation, parce qu’il désigne à la fois le possible du Nid à atteindre et le Nek (Ni) de la mort, de la nécrologie, et du Nektar des grecs. A l’instar de Nash, les scientifiques évoqueraient aujourd’hui avec lui un équilibre instable.
Le « N » de la genèse cosmogonique qui nomme l’onde primordiale Nou de l’Indus et l’océan causal premier Noun des égyptiens, est donc également et logiquement associé au « Nau » des Nautes et aux navires de leur navigation :
Il symbolise en ce sens le Nœud (Nexus) et le Nid existentiels né où à naître de l’onde première qui tisse l’univers et environne l’humanité. Et il nomme en conséquence symboliquement le moyen du Naute au sein de ce nid, d’atteindre la tranquillité en niant par définition le vent de la vie existentielle (Nir Vana), forcément issu de Va-Ru-Na, le dieu des ondes de l’Indus :
Il renvoie à ce titre aussi bien à Noah, navigateur et fondateur d’une nouvelle humanité, qu’aux Néréides grecques, les nymphes nées de Nérée qui entourent Poseidon le dieu du Possible, au Neptune et à la Numen des latins, au Niord du récit scandinave présidant à une fertilité renouvelée et à Nanna l’épouse de Baldr embarquée sur le même Bag Noz que lui, au Nommo (le génie des ondes) des Dogons, à leur Nyama et aux jumeaux Nommo, qu’aux Nabathéens.
Il suggère en ce sens la dimension propre à l’être humain manifesté - Ma-Nuh le premier homme de l’Indus ou Noah le patriarche d’une nouvelle humanité des hébreux -, de nommer par lui même après le déluge, la somme du Su-Meru indien ou l’origine renouvelée de l’ARarat hébraïque, ou comme pour les grecs de Prométhée et le Niord des scandinaves, l’apParition du (mont) Par-Nasse grec post diluvien ou la maîtrise de l’onde ou des flots d’un océan universel et ondulatoire et des vents de la vie et de la mer du nord, voire de fonder et faire paraître à Petra une civilisation Nabathéenne sur la découverte des ondes. A l’image de Ninive, la culture française l’a employé en ce sens pour nommer ses villes d’eau comme Nîmes et Nantes.
Enfin, dit avec la logique du néologisme de Pierre Teilhard de Chardin, le sème « N » suggère que l’Hu-Main (le Ma-Nuh du déluge originel de l’Indus, prédécesseur de Noah) est l’être animé le plus en mesure de prendre conscience de l’onde universelle et infinie d’une Noosphère, donc de con-naître avec le Noos de l’esprit des grecs ; ce qui, dit avec les mots d’Homère, conduit à suggérer la double démarche du héros : celle de Télémaque d’abord, l’enfant d’Odysseus encore adulescent, rencontrant un Nestor abritant la mémoire de MNémosyne, et dont le récit Nostalgique serait le prétexte d’une réminiscence ; celle d’Ulysse ensuite, le naute devenu adulte, en mesure de saisir le « N » de l’onde infinie de la Phéacie d’Alki-Noos et de la famille de Nausicaa, à la suite et à la fin d’un périple dont l’itinéraire lui aura fait préalablement percevoir la réalité du Possible de Poseidon.
D’un point de vue strictement symbolique, le baptême chrétien du bain dans l’onde, renvoie à ce titre avec le « N » au rite traditionnel. Il est l’instant (Ante) de l’iNitiation donc de la Re-Naissance dans le temps, et le moment de l’accueil de la personne dans l’espace, au cœur d’un Naos, au sein du Nous social et du Noos de la conscience collective (l’esprit), tous trois rendus possibles par l’onde (N) de l’eau, symbolique d’une Noogenèse du Noeton (le mot de Platon pour désigner l’intelligible), versée sur l’enfant, qui Bé-Nit et uNit les membres du BaN auquel il appartient.