Le lexique syllabique

Le Monde Manifesté

M - Matière

A la dimension essentielle, la Sat(iva) ou le Set, que leurs traditions situent respectivement au dessus de la barre horizontale du « T », l’Inde et l’Egypte opposent une dimension matérielle, Tamas ou Mat pour l’une, et Mout et Maat pour l’autre, qu’elles situent en revanche au dessous de cette ligne horizontale.

L’une et l’autre ont ensemble définitivement contribué à nommer à cette opportunité une Matière née d’une catastrophe originelle et naturelle, qui caractérise la réalité perceptible d’un Monde Métré et mesurable, par définition dé-fini et limité, au sein duquel évolue l’Homme, le Manuh de l’Indus, sous l’influence d’une divinité dissimulée, l’aMon de l’Egypte.

Le phonème « M » signifie à ce titre la Matérialité et désigne l’élément matériel manifesté, et les syllabes structurées avec ce phonème renvoient à cette matérialité.

En associant le phonème « M » au « N » de l’onde qui préside à la Nature de l’univers, l’Inde a signifié la manifestation de Manuh, le premier homme, sauvé du déluge par l’avatar de Vishnou et nommé depuis le Grand Législateur en raison du don que lui fit Vishnou à cette opportunité : la faculté magique de penser – Mana se traduit par Penser, et rappelle aussi bien le Mental des français, que le Mind des anglais, et le Mens de « Mens sana in corpore sano des latins » ; Marcel Mauss en fera le symbole de la Magie océannienne –, et la capacité de dire sa pensée par la Parole : le Mantra.

La syllabe « MN » renvoie de ce point de vue à la Manifestation et exprime ainsi un parti pris culturel : elle désigne le résultat de l’existentialisation d’une essence première et singulière qui prit forme et parut à l’occasion d’un cataclysme naturel. Elle contribue en ce sens à nommer le Phénomène, dont le suffixe MèNe (MN) rappelle qu’il résulte d’un fait (PH) paru grâce à une MaNifestation qu’il contribue à son tour à faire paraître.

Elle renvoie également à cette opportunité à la manière de l’Humanité et son pouvoir de nommer l’état des choses, à l’image de l’Adam biblique en mesure de nommer son environnement, que l’Egypte consacrera en nommant à son tour le « NMS » du Nomos en inversant la syllabe « MN » de la manifestation, et en signifiant ainsi que celle-ci est associée à la Parole. Penser justement revient en ce sens à réfléchir l’Amon caché des égyptiens, l’Amen des hébreux ou l’Ama No des japonais (l’ainsi soit il des français, ou l’ainsi est il.).

En associant le « M » au « T » du Tan de l’étendue pour élaborer la syllabe « MT » qui préside à la Matière, l’Inde a nommé Tamas et Mat, et l’Egypte a nommé Mout et Maat, désignant une même dimension matérielle et pesante située sous la barre horizontale du « T », figeant le monde situé sous, donc enveloppé par, la voute céleste : Nout.

La syllabe « MT » renvoie à ce titre à la solidarité de la matière manifestée, et les langues nord européennes nomment avec elle le verbe To Meet qui rassemble, au même titre que la langue française en a fait la Mitoyenneté à la frontière de l’Amitié. Le Mère, la Mater, la Mother, (voire la Mujer et la Madre espagnoles) nomment en ce sens à la fois une Matuta motrice et maternelle au même titre que les grecs nommaient De-Meter la déesse mère du monde matériel et les japonais AMatelazu.
Par extrapolation, la même syllabe « MT » nomme donc en français la Mutation et la Metamorphose de la Matière destinée à évoluer, mais aussi le Mathetès (le disciple par définition solidaire de son Maître).

Le premier princpe souverain de l’Indus nomme également en ce sens avec elle : Mitra, qui imposerait une morale de la solidarité en raison de l’appartenance de l’Homme à un même monde manifesté, de même que le Mythra des perses renvoie à la notion de contrat et d’échange, et que l’Egypte disait « MeR » pour signifier l’attraction dont les mots Amour et Marée des français rappelle l’aimantation.

En associant le « M » de l’élément matériel au « D » du déterminant, la syllabe « MD » désigne à la fois la Méditation et la Médiation que permet la Médecine d’un même Medium.

L’Inde a nommé « Medha » l’intelligence (entendue comme sagesse) de la sœur d’Agni, signifiant ainsi par avance l’importance du Medou (Le hiéroglyphe égyptien était nommé : « Medou Neter », et il était destiné à permettre une méditation, et à ce titre une compréhension des notions indispensables à l’élaboration d’un chemin de sagesse), et de celle du Medium latin, du double point de vue de la Méditation et de la Médiation.

Avec la syllabe « MD », la langue française nomme et distingue en conséquence la Meditation et la Médiation, l’une et l’autre renvoyant à l’intermédiation d’un Medium. Elle renvoie à ce titre au récit grec et à ses héros : Médée, dont la médiation enchantée assure le salut de Jason, et Midas, en revanche lié par le mode conventionnel des mots qu’il s’approprie et qu’il emploie sans la conscience de la puissance et de la profondeur du Verbe.

En associant le « M » au « K » de la cause primordiale et/ou au « G » de la gestation ou de la cause secondaire de l’arbre de la nature, les syllabes « MK » et « MG » renvoient respectivement au combat imposé à l’Homme par le Comment de la Mécanique de l’existence, et au Magma de celle ci.

Avec la syllabe « MK » Homère a nommé à ce titre Télé-Maque, le fils d’Ulysse parti au combat pour retrouver son père et préserver sa mère, et au delà pour donner un sens à son existence. Elle rappelait ainsi que cette dernière est avant tout une Machie ou un combat imposé par le Che-Min de sagesse : un combat pour le comment, première étape du cheminement d’un art Mécanique de la machinerie.
Les japonais ont nommé pour leur part dans le même esprit le MiKa-Do, en rappelant ainsi que la matière était cause (K) du destin ou de la voie (Do), et qu’elle imposait à ce titre une Maitrise (c’est le sens du Mi) incarnée par un empereur héritier des Kami(s).

Avec la syllabe « MG » les Nord Européens ont fait un sort au Magma des grecs (par opposition à Pragma qui fait paraitre), rappelant ainsi qu’il renvoyait à une matière vivante, et avec lui au verbe « To Make ». Homère pour sa part en nommant Agamemnon rappelait que cette syllabe signifiait la grandeur matérielle : un MeGa Magnum de la Majesté, et suggérait ainsi la limite de cette grandeur physique d’Agamemnon au regard de l’éclat d’Akhille, et la nécessité qu’elle imposait en conséquence de sacrifier sa fille iPhigénie aux Dieux.

Enfin et peut être surtout, la langue française a structuré avec cette syllabe la Magie propre à l’Homme, de nature à faire l’Image en représentant le phénomène aux fins d’influer et de générer par Magie ce même phénomène.

L’humanité qui a succédé à Manuh (prononcé Manou) a hérité de ce législateur la capacité de dire ses mots, et à ce titre de formuler son récit. Les mots Muthos des grecs, Mot des français, et Mantra de l’Indus partagent en ce sens une même structure radicalisée par la syllabe « MT ».
Chacun de ces trois mots renvoie avec cette syllabe à un constat et à une quête : l’humain est condamné dans sa quête de « Savoir » (les Veda indiens), à s’élever de la Matière (MT) qui le constitue vers une vérité qui lui est insaisissable, parce que « l’esprit humain est enchainé à la forme perceptible et ne peut atteindre l’informel, ne peut le concevoir, encore moins le fixer » (les mots sont d’Alain Danielou),
Le Muthos est en ce sens destiné à lui permettre de réfléchir une dimension qui lui est a priori imperceptible, et il lui offre à cet effet une Mé-Thode supposée la lui rendre intelligible.
Le Mot (Le Mutum latin originel renvoyait aussi à la réciprocité de l’échange : mutualité) est destiné à formuler une manière d’envisager la réalité, en la figurant matériellement par la Parole, à défaut de la fixer, pour la communiquer.
Le Mantra, enfin, est une vibration par définition matérielle que lui permet sa voix, qui l’autorise à s’élever vers un au delà de sa perception (Tra signifiant l’au delà, et Man renvoyant au manifesté et à la pensée), et de s’harmoniser avec la vibration de son environnement naturel.

En posant le nom de Maya, l’Inde a nommé l’illusion matérielle : elle a signifié ainsi la Maille (ou le Maillot qui vêt ! donc dissimule) apparente et perceptible qui dissimulerait la réalité invisible du vivant d’Ishvara et de Varuna. Elle a posé à cette opportunité la question de l’animation de la matière.
En posant Maia, Rome pour sa part a nommé à son tour un symbole de la fertilité à laquelle elle a consacré le mois de Mai, signifiant à cette opportunité la teneur de la matière de Demeter dont les hommes se nourrissent.

L’analyse, comme le « An » de l’antériorité le signifie, précède l’examen : L’examen renvoie à la fois à la syllabe « KS » de Lakhesis (il nomme en ce sens une extériorisation : il donne une existence à l’analyse), et à la syllabe « MN » qui désigne la pensée magique de Manuh le legislateur (le Mens latin, le Mental des français et le Mind des anglo saxon).
Son Mens (sana in corpore sano) rappelle que l’Homme Pense l’analyse, et qu’il a donc la capacité de Montrer et de Poser, grâce à la Parole, cette analyse.
Le mot examen résume de ce point de vue la faculté de l’être humain qui le distingue de la simple animalité : sa faculté de lire la réalité matérielle, et sa capacité d’en montrer, donc d’en démontrer sa lecture.