Le lexique consonantique

L'Origine Enchantée

V - Le « V » de la Vie

La Vocalisation du phonème « V » témoigne de la vocation exprimée par la langue qui l’emploie, à désigner à la fois la Vibration de la Vie (les français disent : Le Verbe), et sa Volonté de prendre une forme existentielle (les allemands disent : Die Wille) :
. en amont, elle renvoie à l’image orale du « V » de Shi-Va et de Vi-Chnou, héritiers du Shesha de l’Indus - le serpent symbole de l’éternité de la vibration universelle -, et à celles d’Ish-Vara et de Varuna, les seigneurs de la vie.
. en aval elle rappelle le « V » de l’avatar, grâce auquel Vichnou prend chair pour transformer la réalité et s’incarner en Kurma, la tortue en capacité de soulever le mont Mandara, ou à l’inverse, dont il se défait de la chair pour secourir l’archer héroïque ARjuna du Baghavad-Gita, en faisant paraître la splendeur de Khrishna.

Le sème « V », qui n’est pas universellement employé, exprime à ce titre un double choix phonémique et culturel :

La consonne « V » (comme la consonne « F ») résulte d’une vocalisation spécifique du son originel « W » du proto-langage indo-européen, prononcé « U » ou « Wou » (cf ci après la consonne « W »). Elle renvoie à une base polymorphe qui énonçait avec le « W » la Wdr, dont les anglo saxons ont fait la Water, le Wg dont ils ont fait le Wake et le Wagon, ou bien encore le Wed et le Wak qu’ils ont traduit par To Speak ou To Sing, mais dont d’autres langues ont retenu le « V », à l’image du latin qui dit la « Vox », et avec lequel la langue française a dit à son tour la Voix.
L’emploi du « V » révèle en ce sens un choix phonémique. Vocaliser le « V » revient à distinguer le « V » au sein du « W », à l’image de la langue latine qui assimilait originellement le « V », le « Wou » et le « U » avant de différencier le « V » du « U » (Wou) : il est destiné à signifier et à nommer la Vibration du Verbe, du Vivant, et des Deva (les puissances primordiales et éternelles de l’Indus, dont l’occident méditerranéen a fait des Divinités), et dont nous aurions hérité de l’éVeil de la Vie, et de l’ouVrage dont résulte l’oeuVre des hommes.

Chaque langue exprime donc (ou non) avec ce « V » un pari culturel qui la distingue, et qui témoigne de la possibilité offerte ainsi à ses locuteurs d’en-Visager et de concevoir (ou non ) un Verbe enchanté :

A la différence de l’Indus, mais à l’instar des langues égyptienne, japonaise, et chinoise, qui ont négligé le « V » pour nommer leurs cosmogonies et leurs symboles respectifs, la langue grecque antique a ignoré cette consonne et n’a donc pas nommé le Vivant du « V » :
Du son originel « W » (Wou) la Grèce n’a pas retenu la vocalisation du son « V » ; elle a retenu en revanche - outre le « Ou » de l’Ousia, de l’Outis d’Ulysse, ou de Eua (l’Eve des grecs) -, la prononciation du « Ph » de sa phénoménologie, qu’elle a substitué au « V », en raison de la proximité des prononciations des sons « V » et « F » (l’une et l’autre étant deux consonnes labio-dentales qui se prononcent avec les lèvres et les dents).
La Grèce n’a donc pas nommé le « V » du Vivant ni celui du Verbe, mais le « F » du phénomène; ses deux symboles, Aphrodite et Hephaistos, se distinguent à cet égard symboliquement des Venus et Vulcain des romains. Au « V » du Vivant qu’elle a ignoré, elle a préféré le « B » de la Bio de la biologie et le « Z » de la Zoé et de la Zoon qui l’anime, en témoignant ainsi de sa propre cohérence, et en occultant à cette opportunité l’Ache-Vé du « Sh » du monde enchanté.

A l’inverse, la langue germanique qui a choisi de prononcer le « V » comme un « F » à l’image des grecs - elle nomme avec ce « F » ou ce « Ph », la Vernunft de la raison ou le Verstand du discernement - a néanmoins conservé le trait du « W » initial et prononce Die Wille (La Volonté) de Schopenhauer avec le son « V » et non avec le son « W » (Wou) : de la trinité mythique des Wodaz des scandinaves dans la Wahalla, elle a retenu Ve et Vili, respectivement symboles du vivant et de la volonté de vivre qui le transcende ; et de l’Edda, le mythe scandinave, elle s’est inspirée de la norne Verdandi qui détermine le devenir du monde (Die Welt prononcé Velt), où le « V » désigne la vibration originelle de la vie, donc aussi le Volitif de sa volonté.

Enfin, en dessinant le « Vaw » hébraïque (ו), qui rappelle le hiéroglyphe « F » de la vipère à corne des égyptiens dessiné verticalement, les hébreux ont représenté un sème destiné à figurer à la fois le « W » du Wou et le « V », reprenant ainsi un signe ou un sème plus ancien renvoyant aussi bien au son « Wo » cananéen qu’au hiéroglyphe mal connu du lasso égyptien : « Uv ».
Les hébreux ont figuré ainsi un sème supposé signifier un lien mystérieux et vertical unissant le ciel essentiel singulier et la terre matérielle et maternante, voire qui accrocherait l’une à l’autre et inversement (le sème « W » hébraïque est en ce sens « conversif », cf Syllabe Aour/AWR ci-après), au cœur de l’arbre de la grâce, et destiné à nommer aussi bien l’Aour de la lumière orginelle que l’Haewa de la dimension vitale d’un Adam argileux.

Vocaliser le « V » à l’image de l’Inde antique, comme le fait la langue latine des chrétiens revient donc à spécifier la Vérité d’une Vibration ou du Verbe d’une réalité enchantée, donc aussi sa Valeur. Prononcer le « V » conduit à en-Visager une Vertu consistant en une quête de cette Vérité mystérieuse, et non pas fonction de la rationalité d’une Arété grecque (leur vertu), donc aussi une Volonté en adéquation avec le bon vouloir de cette vérité, et le de-Venir Vers lequel celle ci orienterait notre existence.

Dans cet esprit, la langue française affiche avec le sème « V », une con-viction dans sa manière de faire lire les mots de Moise : en nommant Eve, avec le « V » du Vichnou de l'Indus et celui du Vulcain et de la Venus des romains, elle nomme moins l'épouse d’Adam (et encore moins sa "Côte" !), que la Vie, le Verbe ou la Vibration, "côte à côte" latéralement avec la matière argileuse d'Adam, et sa Volonté de paraître en prenant une forme (une peau) dans l'espace et dans le temps – l’origine de la "tentation d'exister" que redoute le sujet - : elle nomme la Vie en la distinguant de son éphémère existence, légitimant ainsi le pari de la foi en un "être vivant" singulier - l'Indus dirait "Varuna" - au delà de la réalité sensible, par définition plurielle et illusoire.
En nommant Eve la langue française rappelle que la Volonté de la Vie (les allemands diraient « Die Wille »), la fait paraître en lui donnant la forme éphémère de l'existence : elle rappelle que la Volonté de la Vie (V) – H.Bergson évoquerait un Elan Vital - est à l’origine (R) du Bord ou du dé-But (B) d’une catastrophe originelle: « Au début était le Verbe », VRB, dirait Jean l’évangéliste en français.

Dit avec les mots latins de l’oraison des chrétiens, la vocalisation du « V » rejoint en ce sens celle du « W » de la langue germanique (le « V » des allemands se prononçant « F »), et revient à constater le système de valeurs que le Fiat d’un « Fiat Voluntas Tua » (« Que ta Volonté soit faite ! ») impose au sujet : la langue latine des religieux chrétiens en l’occurrence, comme la langue germanique, résonnent l’une et l’autre avec les deux langues sacrées de l’Indus et des hébreux, dont les héros respectifs, Shi-Va l’androgyne pour l’un, AiSh et HaeVa-HaeWa les deux dimensions de l’être androgyne du Gan eden pour l’autre, sont nommés avec les mêmes phonèmes inversés du Sh et du V ou du W (Sh-V vs V & iShe).

Dit avec le mot contemporain des italiens, le Sviluppo (le développement), dont la dénomination associe les phonèmes « S » et « V », renvoie à l’existentialisation d’une essence mystérieuse (S) à l’origine de la vie (V), et conduit à imaginer la sagesse comme une élévation vers le monde enchanté d’en Haut.
Avec le « V » du Vivier ainsi associé au « S » essentiel, et à l’image de la SèVe de la vigne des français, le Sviluppo renvoie à un arbre de la grâce (S et V) qui complète l’arbre de la nature (R et K), et dont ce dernier tiendrait sa vie et sa vitalité, donc son développement ; il engage le locuteur à imaginer le salut qui sauve en vertu de la grâce.

Il rappelle que l’Indus a dessiné en ce sens une SVa-Sti-Ka (nommée avec le « S » de l’essence renvoyant au « Su » du beau suprême, et avec le « V » du Verbe et de la Vibration, qui désignent ensemble l’arbre de la grâce, mais aussi avec la syllabe « ST » de Sti qui désigne la situation existentielle, et avec le « K » de l’énergie causale primordiale) : un symbole universel de l’orientation donnée par la Volonté de la Vie au mouvement de l’univers, malheureusement détourné au XXème siècle.